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Libération
Edito

Face à l’aveu de faiblesse de Poutine, l’Occident doit faire bloc

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Après avoir annoncé une «mobilisation partielle» en Russie mercredi, le maître du Kremlin a désigné ouvertement l’Occident comme adversaire. Celui-ci ne doit pas reculer.
Le président russe Vladimir Poutine lors d’une réunion sur le complexe militaro-industriel au Kremlin, mardi. (Getty Images)
publié le 21 septembre 2022 à 20h48

L’allocution de Vladimir Poutine, mercredi, a enfin remis les pendules à l’heure. Fini les périphrases alambiquées pour qualifier l’invasion de l’Ukraine, les «opérations spéciales» et autre «dénazification» du territoire, cette fois le président russe a présenté la situation telle qu’elle nous apparaît réellement et avec des mots clairs : après sept mois de guerre acharnée contre les Ukrainiens, les forces armées russes sont contraintes de demander du renfort via une «mobilisation partielle» qui consistera à faire appel aux réservistes ; et l’adversaire n’est plus l’Ukraine mais bien l’Occident, et donc la démocratie. Au moins nous ne sommes plus dans le flou et dans l’irrationnel, nous savons de quoi nous parlons, nous savons quels sont les buts de guerre. C’est un terrible aveu de faiblesse de la part de Poutine qui, le 24 février, pensait conquérir l’Ukraine en trois jours. Et d’ores et déjà de nombreuses questions se posent.

Les réservistes vont-ils se laisser enrôler aussi facilement que ces prisonniers ou ces chômeurs des provinces reculées du pays qui, en échange de quelques roubles pour améliorer l’ordinaire de leur famille, ont servi jusqu’à présent de chair à canon ? L’armée russe va-t-elle disposer de suffisamment d’uniformes, d’armes légères ou d’armes lourdes, de munitions, de chars ou de véhicules de transport alors qu’elle est déjà exsangue ? Afin que l’on n’ait guère le loisir de s’interroger plus avant, le président russe a choisi d’utiliser l’arme qu’il maîtrise le mieux, celle de la peur. Depuis le début, il cherche à nous effrayer par tous les moyens – pénuries de blé et de gaz ou risque d’un missile sur la centrale nucléaire de Zaporijia – espérant faire reculer l’Europe et l’Occident tout entier. Cette fois, il laisse entendre qu’il n’hésitera pas, si les territoires annexés par la Russie via de pseudo-référendums sont attaqués, à utiliser l’arme nucléaire. Face à cette folie rationnelle, que faire ? Certainement pas reculer. C’est parce que les pays occidentaux – conscients du danger que cette guerre représentait pour eux aussi – ont aidé l’Ukraine dès le début que la Russie est aujourd’hui à la peine. Il faut continuer. Avec fermeté et unité.