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Libération
L'édito de Dov Alfon

Face à l’extrême droite, le filet de sécurité du tissu associatif

Derrière l’union du Nouveau Front populaire, des milliers de structures, à tous les niveaux de la société, se mobilisent pour dire non au Rassemblement national. Un espoir bienvenu à moins d’une semaine des législatives.
Dimanche 23 juin 2024, entre République et Nation à Paris. (Camille McOuat/Libération)
publié le 23 juin 2024 à 21h02

Sur les huit syndicats principaux qui veillent aux droits sociaux de notre pays, cinq ont déjà annoncé leur engagement à faire barrage à un possible gouvernement d’extrême droite. Mobilisation salutaire, car comme le rappelle Julie Ferrua de l’Union syndicale Solidaires, «toutes les discriminations qui ont lieu dans la société se répercutent sur les lieux de travail». La CGT est même allée plus loin, et pour la première fois de son histoire a publié une consigne de vote en faveur du Nouveau Front populaire (NFP), comme son programme «est celui qui répond le mieux aux attentes et aspirations des travailleuses et des travailleurs». Les trois syndicats restants ne sont pas neutres pour autant, comme en témoigne l’insistance de Force ouvrière à réaffirmer la semaine dernière son rejet «de toute forme de racisme, de xénophobie, d’antisémitisme et de rejet de l’autre». Traduction : votez tout ce qui permettrait de faire barrage au Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella. Tous les témoins sont au rouge : «Ceux qui auparavant se cachaient de voter RN l’assument maintenant, et ceux qui assumaient d’être contre le RN se cachent», nous confie un délégué syndical.

L’heure est grave et pourtant, si les intentions de vote reflètent une hausse de la participation, projetée à 63 %, la mobilisation est encore loin de ce qu’elle devrait être, ou même de ce qu’elle était en 1993 (69 %) ou 1997 (72 %). C’est bien pour cela que dans les sept jours restants, l’engagement de la société civile, via des milliers d’associations locales et leurs millions d’adhérents, d’Attac à la CFDT, pourrait se révéler décisif. Secouristes, libraires, militants, restaurateurs, vétérinaires, commerçants ou simplement figures de quartier, notre enquête suit ces engagés du quotidien, qui se sont constitués rempart contre la fin annoncée des libertés individuelles et de l’égalité des droits. Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam, l’admet : «Tous ceux qui connaissent un peu le fonctionnement associatif savent que c’est un petit miracle.» En attendant le grand.