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Libération
L'édito de Lauren Provost

Face au RN, le monde de la culture doit refuser d’être pétrifié

Elections législatives 2024dossier
Alors que l’extrême droite n’a d’yeux que pour une vision fossilisée du patrimoine, rappelons que la France brille justement par sa vitalité culturelle, sa liberté de créer et de penser.
(Coco/Libération)
publié le 17 juin 2024 à 20h01

Quand on parle de «culture», eux préfèrent parler de «patrimoine». C’est ce mot qui, en 2022, était en majesté dans le programme de «redressement moral du pays» de la candidate Le Pen. Un choix qui en dit long sur ce qu’il adviendrait de la culture dans un gouvernement Rassemblement national. Dès la première phrase de la profession de foi de la candidate d’extrême droite, on trouve un autre mot très signifiant, «pétrifier» : «Le patrimoine est notre histoire pétrifiée, au sens premier de cet adjectif.» Un verbe qui dit tout du programme du RN.

«Pétrifier», c’est la vieille pierre d’«une France fière de son passé et de son origine». Si nous n’avons rien contre les châteaux forts et les abbayes, la culture en France ne peut être «pétrifiée». La culture est tout sauf fossilisée, figée, paralysée. Ce qui fait la grandeur de la France, pour reprendre les termes chers aux identitaires, ce qui fait son rayonnement, c’est tout le contraire. C’est sa vitalité culturelle. Sa liberté de créer. Ses formes d’art sans précédent. Sa liberté de penser, et de penser contre. C’est la culture dans ce qu’elle a de plus subversif, son altérité et sa magnifique ouverture sur le monde. Les moyens qui sont offerts à la création aussi. C’est ça que le monde entier nous envie. Et on sait que l’accession du RN au pouvoir y mettrait un point d’arrêt.

Au-delà de sa bataille pour la privatisation de l’audiovisuel public, le RN affiche la couleur dans les politiques culturelles locales, là où le parti d’extrême droite est aux responsabilités. A Perpignan, laboratoire municipal de Louis Aliot depuis quatre ans, les acteurs du secteur dénoncent une politique du «repli sur soi» et disent leur crainte de perdre leurs subventions. Une méfiance que l’on retrouve dans d’autres villes sous pavillon RN, où s’installe la peur d’un contrôle des élus sur le contenu des projets artistiques et de la censure dès qu’il est question d’immigration ou de genre.

On ne peut imaginer une seconde que les artistes et créateurs français acceptent d’être pétrifiés sans entrer en résistance.