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Libération
Editorial

Face aux incendies en Algérie, c’est encore de la rue que surgit l’espoir

Le Hirak, un printemps algériendossier
Depuis le début de la semaine, les feux ravagent la Kabylie, ravivant les mouvements de protestation contre l’Etat. Les défaillances des autorités politiques poussent ainsi les Algériens et leur diaspora à se mobiliser pour sauver leur pays.
Organisation et acheminement de dons. (Fethi Sahraoui/Collective 220 pour Libération)
publié le 12 août 2021 à 20h46

L’Algérie étouffe. Dans tous les sens du terme. Elle manque d’oxygène pour les malades du Covid et suffoque sous les fumées des incendies géants qui, depuis le début de la semaine, ravagent le nord du territoire, et surtout la Kabylie. Le pays n’est pas le seul à être balayé par les flammes. Températures caniculaires et sécheresse ont mis le feu à nombre d’Etats bordant la Méditerranée, nous nous en sommes fait l’écho, mais l’Algérie n’est pas un pays comme les autres. Elle est assise sur un tas d’or, les hydrocarbures, mais elle manque de tout. Et un fossé chaque jour plus grand se creuse depuis plus de deux ans entre sa population et ses autorités politiques accusées d’entre-soi et de corruption. En gros d’accaparer la richesse nationale.

Détermination et enthousiasme

On se souvient des manifestations géantes du Hirak qui, tous les vendredis jusqu’au déclenchement de la pandémie, faisaient trembler le pouvoir en place par sa détermination et son enthousiasme. Les restrictions sanitaires y ont mis le holà mais, confronté aux tragédies de ces dernières semaines, l’Etat se montre à ce point défaillant que tout remonte : l’absence de véritable politique de protection forestière, le sous-équipement en matériels de lutte contre le feu, le manque crucial d’eau malgré tous les milliards soi-disant investis dans les infrastructures, etc.

«Les autorités essaient de réagir mais elles sont plombées par trois problèmes : la bureaucratie, la corruption et l’incompétence», nous affirmait hier un observateur local. Résultat, c’est à nouveau de la rue que surgit l’espoir, de tous ces Algériens et Algériennes qui, spontanément et quels que soient leurs moyens, ont monté des cagnottes sur les réseaux sociaux ou affrété des véhicules remplis de médicaments. Et aussi de la diaspora qui se mobilise en masse, des anonymes aux stars du foot ou de la culture, pour porter secours à l’autre côté de la Méditerranée. La mobilisation citoyenne comme antidote à l’incurie de l’Etat.