Si nombre de romans dystopiques et de films d’espionnage nous ont préparés au chamboulement géopolitique déclenché par Donald Trump, les analogies historiques sont plus rares. Dans Kyiv bombardé, Oleksandr Merejko en a pourtant proposé une mardi soir. S’exprimant devant des journalistes du monde entier, le président de la commission des affaires étrangères du parlement ukrainien a comparé l’annonce du gel brutal de l’aide américaine à son pays au bombardement de Pearl Harbor, «si cette attaque avait été perpétrée par un allié proche». Le président Franklin D. Roosevelt avait alors évoqué un «jour qui restera marqué par l’infamie», et notre journaliste sur place a pu constater dans les rues de la capitale ukrainienne la même stupéfaction, la même rage froide, mais aussi la même détermination à tenir bon face à un nouvel ennemi, une coalition ahurissante entre l’Amérique et le régime de Vladimir Poutine.
«L’Ukraine paiera un prix plus élevé, mais nous pouvons survivre si nous restons unis comme aux premiers jours», nous a assuré Yehor Firsov, commandant d’une unité de drones et ancien député. Comment un Donald Trump pourrait-il comprendre la résistance du peuple ukrainien, lui qui ne juge que par l’argent ? Comment un J.D. Vance le pourrait-il, lui qui s’enfuit d’une station de ski huppée à cause de quelques manifestants ? L’Ukraine doit soudain se contenter du soutien de ses alliés européens, et ceux-ci peuvent – et doivent – prouver que leur aide financière, morale, politique et militaire peut remplir le vide causé par l’un des actes politiques les plus traîtres que l’Occident ait connus. Notre enquête dénombre les nombreuses pistes possibles, certaines déjà lancées, qui seront sur la table des négociations lors du sommet européen extraordinaire ce jeudi à Bruxelles. La France se doit de s’y présenter prête à tenir son rang dans ce rendez-vous avec l’histoire, tout aussi convaincue et déterminée que le sont les Ukrainiens sous les bombes.