En déclarant que la ville de Gaza, ainsi que des parties du sud et du centre de l’enclave palestinienne, sont «dans un état de famine», ce vendredi 22 août, les experts mandatés par l’ONU décrivent une famine organisée par un Etat membre de l’ONU contre une population civile en temps de guerre. Les analogies historiques sont rares (Somalie, Soudan). Les horreurs des Première et Seconde Guerres mondiales, comme le siège de Leningrad, avaient conduit la communauté internationale à l’adoption d’un ensemble de traités visant à empêcher de répéter de tels actes. Il est impensable que quelqu’un puisse avoir le droit d’affamer des milliers d’enfants innocents par calcul politique, aveuglement ou vengeance.
Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, l’institut d’experts mandaté et financé par l’ONU, rappelle dans ce rapport très détaillé qu’il n’a aucune autorité pour en tirer des conclusions politiques. C’est précisément cette impuissance apparente devant cette famine orchestrée qui renforce la frustration et la rage des observateurs occidentaux. Le secrétaire général de l’ONU a la lourde responsabilité de tirer les conclusions nécessaires du rapport qui lui a été remis, et semble avoir déclenché ces dernières heures des tractations visant à arrêter l’offensive israélienne attendue à Gaza et à convaincre le président américain, Donald Trump, de dicter au Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, la fin du blocus.
Trump ou non, les Européens doivent abandonner leur attentisme, comme l’Allemagne semble de plus en plus disposée à faire. Quant aux Israéliens, ils doivent aller au-delà de leur propre prisme de douleur et de traumatisme, ignorer la tentation du déni et reconnaître que la famine à Gaza est de leur responsabilité. Ce serait bien le minimum, alors que le rapport alerte que la famine atteindra les autres zones de la bande dans moins d’un mois.