Ceux qui attendaient quelque forme de vérité de l’audition de François Bayrou devant la commission d’enquête parlementaire sur Bétharram seront bien déçus. Le Premier ministre l’a affiché dès le départ : la meilleure défense, c’est l’attaque. Il a choisi de dénigrer la commission pas «objective», instrument selon lui d’une cabale politique orchestrée par le député insoumis Paul Vannier. La stratégie était claire : embrouiller. Affichant ostensiblement l’ouvrage la Meute de Charlotte Belaïch (journaliste à Libération) et Olivier Pérou, qui dénonce le système clanique au sein de LFI, le Premier ministre a entrepris de ne jamais répondre frontalement aux questions des députés. Il s’est concentré sur la remise en cause des méthodes de la commission parlementaire, et la crédibilité des témoignages, notamment celui de l’enseignante Françoise Gullung. Afin de jeter par avance le discrédit sur les résultats de ces auditions, attendus en juin ?
Au milieu de ces invectives politiques et des dénigrements divers, où sont les victimes ? Au-delà de la posture, cette affaire le colle comme le sparadrap du capitaine Haddock. Interrogé ici en tant que Premier ministre, il a lui-même fait le lien entre le personnel et l’aspect politique, alors que cinq de ses enfants ont été scolarisés à Bétharram, que sa fille Hélène Perlant a témoigné des violences subies, que sa femme y a enseigné le catéchisme… «Je n’ai jamais mis les pieds dans l’établissement scolaire», a insisté le Premier ministre. Même s’il n’y est pas allé, Bétharram était tout autour de lui. A minima, faire aveu de transparence, alors que de tels faits se sont produits dans son département, dans l’école de ses enfants, et ce alors qu’il était ministre de l’Education. Sans compter l’indécence de se poser en victime dans une affaire où tant d’enfants ont subi des violences. De ce combat politique, la vérité ne sort pas grandie.