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Libération
L'édito de Lauren Provost

Gaspard Proust, triste sire de la bollosphère

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Dévolu au rôle supposé de bouffon, l’amuseur public sert le projet réactionnaire de son patron d’extrême droite. Un «humour» bien pratique quand il s’agit de s’affranchir de la réalité des faits pour viser sans cesse les mêmes : immigrés, féministes, écolos…
Gaspard Proust, pendant un débat sur les présidentielles organisé par Valeurs actuelles, en mars 2022. (Denis Allard/Libération)
publié le 15 décembre 2023 à 19h31

Dans la famille Bolloré, je voudrais… Pascal Praud ? Cyril Hanouna ? Laurence Ferrari ? Sonia Mabrouk ? Portrait après portrait, enquête après enquête, les lecteurs de Libération commencent à avoir en main toutes les cartes du grand jeu des sept familles de la «bollosphère», l’empire médiatique du milliardaire et homme de droite réactionnaire Vincent Bolloré.

Mais peut-être n’avez-vous pas encore identifié qui joue le rôle du «bouffon» de cette constellation qui prépare méthodiquement les esprits des Français à une «guerre de civilisation» sur CNews, Europe 1 ou dans le JDD ? L’amuseur public de l’empire Bolloré, c’est Gaspard Proust. Que devient-il depuis ses débuts chez Thierry Ardisson ? Il sert le projet de son nouveau patron en écrivant des vannes pour se payer, inlassablement, les immigrés, les écolos, les «wokes» ou les féministes. Des chroniques polarisantes, dont la radicalité trash fait dire aux cibles régulières de l’histrion qu’il est d’extrême droite. Point barre. Comique ou pas.

Un simple «bouffon» ? C’est plus que ça. Les amuseurs ont le pouvoir de rapprocher comme d’éloigner les hommes. Ils peuvent bousculer nos certitudes, changer notre regard sur le monde et la société. Leur pouvoir est immense. Tout comme la viralité de leur propos, à l’heure des réseaux sociaux et d’une morosité ambiante