Il n’est plus possible, pour un leader occidental ou arabe, de soutenir d’une quelconque façon le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Les tueries quotidiennes dans la bande de Gaza – des familles entières éliminées, des écoles sciemment bombardées par l’armée israélienne, sous le prétexte qu’elles abritaient des terroristes –, ne peuvent plus être considérées comme des représailles à l’attaque terroriste du 7 Octobre. Elles ciblent les populations civiles et participent, d’une volonté délibérée, d’empêcher toute vie possible des Palestiniens à Gaza, ce que l’on peut qualifier de «futuricide».
Dans une tribune publiée dans Libération, 300 écrivains, parmi lesquels plusieurs prix Goncourt et un prix Nobel, vont plus loin : pour eux, c’est bien un «génocide» qui est perpétré dans l’enclave. Même la maigre, très maigre distribution de denrées alimentaires, dans un lieu qui manque de tout depuis deux mois, est entravée, voire sciemment désorganisée par les autorités israéliennes. Le responsable qu’Américains et Israéliens avaient désigné pour gérer ce volet a démissionné en expliquant ne pas pouvoir organiser cette aide «en respectant les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance», c’est dire !
Indignation toujours plus forte
Seul éclair d’espoir dans cette noirceur : l’indignation chaque jour plus forte de la communauté internationale qui accentue ses pressions sur Israël. «Porter atteinte à la population civile à un tel degré […] ne peut plus être justifié comme une lutte contre le terrorisme du Hamas», a déclaré le chancelier allemand, lundi 26 mai, alors que Berlin était jusqu’alors un des plus forts soutiens d’Israël.
La proposition de trêve qu’aurait acceptée le Hamas, lundi, en échange de la libération de dix otages israéliens a-t-elle la moindre chance d’être mise en œuvre ? Il faut l’espérer. Les négociations entre l’Europe et les pays arabes pour tenter de stopper le bain de sang doivent être soutenues et accélérées. Tout en étant conscient que, plus Nétanyahou se sentira acculé, plus il risque d’accroître la pression guerrière sur Gaza et sur la Cisjordanie, afin de s’assurer du soutien – vital pour lui – des extrémistes israéliens.