Le soulèvement de la génération Z qui essaime sur toute la planète ne s’arrêtera pas à notre porte. Leurs aînés le découvrent à peine, après six soirées de manifestations du mouvement Gen Z 212, marquées par des violences meurtrières au Maroc. Mais l’élan des jeunes est déjà présent en France.
Même si un compte «Gen Z 33» (l’indicatif téléphonique hexagonal, comme 212 est celui du Maroc) n’a pas encore été officiellement créé, le mouvement se diffuse déjà. Sur les smartphones : les vidéos du Parlement de Katmandou en feu, de barricades à Antananarivo, de manifs à Agadir… Les images apparaissent «naturellement» sur leurs réseaux sociaux. Magie (ou sorcellerie) des bulles algorithmiques et de la viralité de ces contenus pensés par leurs homologues, experts en montage vidéo efficaces et dopés à l’IA.
Cette série de soulèvement des ultraconnectés a débuté il y a trois ans dans plusieurs pays du Sud. Sri Lanka, Bangladesh… Ce qu’on a d’abord perçu comme un «printemps asiatique» a continué sa route vers Madagascar, le Pérou, le Kenya. A chaque fois, les situations sont différentes, les systèmes politiques disparates… Il n’empêche.
Parce qu’elle parle le même langage, partage la même culture globale (il n’y a qu’à voir leur étendard, drapeau pirate sorti du manga mondialement connu One Piece) et ressent les mêmes inégalités (quel qu’en soit le degré), la génération Z entre en solidarité numérique. Elle vibre ensemble face à un savant mélange de divertissement et de politique.
Elle ne cherche pas nécessairement un changement de régime. Au Maroc, la mobilisation a débuté en faveur de changements sociaux, comme un meilleur financement de la santé et de l’éducation. Mais la classe politique est toujours rattrapée : ce vendredi 3 octobre, le collectif, sans chef ni parti connu, a écrit au roi pour demander la chute du gouvernement.
En France, où le taux de chômage des jeunes dépasse les 18 %, où le poids de la dette est écrasant et où la vie politique ressemble à un jour sans fin, les premiers drapeaux «pirate» ont été brandis dans les manifestations de la rentrée. On ne sait pas encore quoi, mais quelque chose a débuté.