Pour Emmanuel Macron, le défi était titanesque mais la solution assez simple : pour réaliser sa mue écologique tant promise et lutter tant qu’il est encore temps contre le dérèglement climatique, il lui suffisait de nommer un nouveau gouvernement, où la Première ministre chargée de la planification écologique serait appuyée par «deux ministres forts». Il le fallait bien pour prendre le dessus sur les mastodontes du monde d’avant, les ministres de l’Economie, de l’Agriculture ou des Transports, autant de verrous qu’il fallait désormais faire sauter. Las, au lieu de nommer ces poids lourds en charge du sauvetage de la planète, Emmanuel Macron les a au contraire bien laissés en place au sein de ce nouveau gouvernement présenté vendredi.
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Face à eux, et face à des lobbys qui ont maintes fois prouvé leur efficacité, il y aura deux ministres technocrates, désarmées de toute force politique – ou de connaissance écologique d’ailleurs : Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher se partageront l’ancien ministère de Barbara Pompili, et hériteront de tous les blocages dont elle avait fait l’objet. On leur souhaite bien du courage. On souhaite beaucoup de courage aussi au joker de ce remaniement, le nouveau ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, historien spécialiste des discriminations et de la condition noire qui devenait immédiatement après la passation de pouvoirs un paratonnerre captant toutes les attaques de l’extrême droite sur le gouvernement, et faisant oublier aux autres tout le reste, y compris le vide écologique. On s’en souvient, Harry Potter est sélectionné par la coupe de feu en plus des participants attendus, alors qu’il ne s’était pas inscrit. Les conséquences tragiques de sa participation démontrent aux jeunes lecteurs le machiavélisme des forces unies contre le bien. Tandis que Jean-Michel Blanquer lui expliquait comme à un enfant l’importance de l’universalisme français, on pouvait avoir l’impression que Ndiaye se demandait enfin, mais un peu tard, ce qu’il faisait là.