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Libération
L'édito de Dov Alfon

Guerre commerciale Pékin-Washington : l’Europe entre deux feux

Alors que la Chine a riposté vendredi avec une taxe de 34 %, il serait plus sage pour la France et l’UE d’attendre les prochains revirements de Trump plutôt que de réagir à chaud.
Donald Trump et Xi Jinping. (Eric Lee. Redux Réa et Florence Lo. Reuters)
publié le 4 avril 2025 à 21h32

Lors de sa troisième visite d’Etat en France, en mai de l’année dernière, le président chinois Xi Jinping avait évidemment cité Confucius : «Le sage se tient dans le juste milieu sans s’incliner d’un côté ou de l’autre. Que sa fermeté est courageuse !» Ce vendredi, moins de vingt-quatre heures après que Wall Street a connu une des pires journées de son histoire, la Chine ripostait donc aux droits de douane annoncés par Donald Trump par une surtaxe douanière de la même fermeté, 34 %. La principale victime de cette guerre commerciale incontrôlée entre deux géants pourrait être un troisième larron, l’Union européenne. Avec des milliers d’entreprises trop dépendantes du marché américain et des centaines de millions de consommateurs exposés au dumping chinois, l’Europe est entre deux feux, et les investisseurs ne s’y trompent pas. La Bourse de Paris a effacé tous ses gains de l’année. En une semaine, l’indice paneuropéen STOXX 600 a perdu plus de 8 %. Sur les écrans de Bourse, du rouge sang de partout, annonçant déjà la dévastation en termes d’emplois, de fermetures d’usines, de projets qui ne verront plus le jour, en France comme ailleurs.

Un «conseil national de l’industrie» en urgence était annoncé mardi 8 avril à Bercy, pour remédier à ce que le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, décrivait comme une situation «absolument exceptionnelle et préoccupante». Selon le Financial Times, Emmanuel Macron aurait alerté Bruxelles sur la possibilité d’un afflux gigantesque en Europe de marchandises chinoises refusées par Washington, tout en appelant à «suspendre» tout investissement aux Etats-Unis. Mais si la Chine peut rester maîtresse de son destin, la France le peut-elle ? Il serait sans doute plus sage d’attendre les prochains revirements américains, alors que la Banque fédérale refusait vendredi 4 avril de baisser les taux par crainte de récession et que le dollar, naguère valeur refuge, continuait sa chute. La patience est aussi signe de courage politique, n’en déplaise à Confucius.