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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Guerre commerciale : qui va payer ?

Au moment où entre en vigueur aux Etats-Unis la taxation de 20 % de toutes les marchandises provenant de l’Union européenne, ce mercredi 8 avril, l’inquiétude gagne la France. Dans tous les secteurs, les entreprises réfléchissent à comment s’adapter.
(Coco/Liberation)
publié le 8 avril 2025 à 20h46

Conserver son sang-froid. Rester calme face aux poussées paranoïaques de Donald Trump. Attendre que la fièvre des marchés tombe, que le rationnel reprenne enfin le dessus sur l’hystérie. C’est facile à dire, peut-être, mais un certain nombre de chefs d’entreprise français s’y emploient. Quand on est responsable de dizaines, centaines, milliers de salariés, il n’y a pas le choix. Dans le chaos financier créé par les décisions à l’emporte-pièce du président américain, beaucoup ont fait leurs comptes. Et réalisé que, dans leur malheur, ils n’étaient pas traités différemment de leurs concurrents, grosse consolation. Et qu’il n’était sans doute pas prudent de chercher à s’adapter en catastrophe à des mesures qui peuvent encore changer dix fois dans les mois à venir. Les patrons ne sont heureusement pas tous à l’image de Rodolphe Saadé, le patron de la CMA-CGM que l’on a vu obséquieux dans le bureau de Donald Trump, empressé d’investir des milliards de dollars aux Etats-Unis afin d’épargner son business. Beaucoup cherchent des moyens de produire ou d’acheminer leurs produits autrement ou se disent prêts à augmenter leurs prix ou à réduire leurs marges. Et tous sont suspendus à la réponse de l’Union européenne, qui devrait approuver ce mercredi 8 avril un premier paquet de mesures de rétorsion.

Dans cette réorganisation expresse du commerce mondial, les Européens, s’ils restent unis, ont un atout : ils représentent un marché énorme qui pourrait en partie compenser la chute des échanges avec les Etats-Unis. Ils pourraient par ailleurs être tentés de conclure ou de renforcer des accords avec des pays comme l’Inde ou le Brésil. Mais il ne faut pas se leurrer : ce chamboulement majeur ne se fera pas sans casse sociale (avant même cette guerre commerciale, des destructions d’emplois importantes étaient prévues), et l’on ne parle même pas des normes environnementales ou du «pacte vert» européen qui risquent de reculer sévèrement dans les priorités des mois et peut-être même des années à venir.