Quels que soient l’envie de provocation ou le niveau d’improvisation cachés derrière les propos tenus lundi soir par Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol en Ukraine, on ne peut nier qu’un changement est en train de se produire dans la position de la France, et peut-être de l’Europe, vis-à-vis de la Russie. Le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, célébré samedi dans la douleur vu l’échec de la contre-offensive lancée l’an dernier, y est sans doute pour quelque chose. Avec les armes nécessaires, réclamées en vain par les Ukrainiens aux Occidentaux, cette contre-offensive aurait peut-être été un succès et Vladimir Poutine ne serait pas en train de plastronner. La mort de Navalny a également été un choc. Même si les espoirs de revoir l’opposant russe libre et surtout vivant étaient ténus, cette mort brutale a symboliquement acté la férocité et le jusqu’auboutisme du régime russe. Rien ne l’arrêterait, et certainement pas les tentatives de séduction opérées au début du conflit par Emmanuel Macron.
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Le chef de l’Etat français l’a compris ces derniers temps à ses dépens au vu des différentes attaques, cyber notamment, lancées contre la France. Derrière l’Ukraine, c’est bel et bien l’Europe que Poutine cherche à déstabiliser. Et cette menace est d’autant plus dangereuse que, de l’autre côté de l’Atlantique, le risque est chaque jour plus grand de voir Donald Trump accéder une nouvelle fois au pouvoir. Et avec lui son idéologie pro-Russe et anti-Otan.
Interview
Tout cela à quelques mois d’élections européennes qui risquent d’acter la montée en puissance d’une extrême droite prête à faire ami-ami avec le président russe. Il y a donc urgence à, au moins symboliquement, marquer le coup. Afficher sa capacité de dissuasion. Bien sûr, il ne s’agit pas d’envoyer des soldats au sol pour se battre. Les alliés européens de la France – et aussi Washington – ont poussé des cris d’orfraie à cette idée. Ces hommes pourraient en revanche assurer formation et maintenance des matériels. Si Emmanuel Macron était un grand diplomate, ça se saurait…