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Libération
L'édito de Dov Alfon

Guerre entre le Hamas et Israël : les Gazaouis vivent un enfer à huis clos

Guerre au Proche-Orientdossier
Bombardés, sans electricité, eau ni nourriture et dans l’impossibilité d’emprunter un couloir humanitaire, les plus de 2 millions d’habitants de l’enclave sont pris au piège d’un cercle vicieux de violence physique et morale.
Mercredi 11 octobre, une palestinienne est secourue d'une habitation bombardée du sud de la bande de Gaza. (Ibraheem Abu Mustafa/Reuters)
publié le 12 octobre 2023 à 21h34

Le président américain, Joe Biden, raconte volontiers que lors de sa rencontre avec Golda Meir en 1973, la Première ministre israélienne lui a révélé le secret de la résilience des Israéliens face à l’attaque surprise des armées arabes : «C’est simple, nous n’avons pas d’autre choix : les juifs n’ont aucun autre endroit où aller.» Cinquante ans après, aucune menace existentielle ne plane plus au-dessus des Israéliens ; les habitants de Gaza sont devenus ceux qui n’ont «aucun autre endroit où aller». Dans cette enclave d’à peine 365 km2, le territoire le plus densément peuplé au monde, les plus de 2 millions d’habitants sont parqués entre la mer, les postes frontières israéliens verrouillés et le check-point vers l’Egypte bloqué et détruit. Depuis l’embrasement meurtrier déclenché par l’attaque terroriste du Hamas samedi 7 octobre, la population civile vit sous les bombardements incessants de Tsahal, qui ont déjà fait plus de 1 400 morts, dépassant ainsi de peu le bilan des victimes israéliennes.

Même l’ouverture d’un couloir humanitaire vers l’Egypte, envisagée par l’ONU, ne peut pas se mettre en place car le gouvernement égyptien rejette une telle charge. La décision israélienne de bloquer l’approvisionnement en eau potable, en électricité et en nourriture s’inscrit dans ce cercle vicieux de violence physique et morale, d’humiliation et de vengeance, dont la population civile est la principale victime. Au-dessus de leurs têtes, les bombes israéliennes ; sous leurs pieds, des galeries souterraines d’une étendue invraisemblable qui abritent l’essentiel des hommes et des armes du Hamas. Piégés entre les deux, encerclés par des clôtures, bombardés du ciel et surveillés du sous-sol, les Gazaouis vivent jour et nuit dans un enfer à huis clos. Le seul homme capable d’atténuer leurs souffrances, en usant de son influence sans pareille sur l’Egypte et Israël, est le président américain. Il lui suffirait pour cela de mieux comprendre la phrase de Golda Meir.