Ce qui pouvait être considéré dans les premières vingt-quatre heures comme une offensive militaire éclair destinée à affaiblir le programme nucléaire iranien ressemble de plus en plus à une véritable guerre d’attrition lancée par Benyamin Nétanyahou pour faire tomber le régime de Téhéran. Cette opération, préparée en Israël depuis plusieurs mois par l’état-major et le Mossad, semble avoir bénéficié d’importantes complicités au sein même du dispositif militaire iranien, ce qui donne déjà une première indication de la fragilité du régime.
Combien de temps durera-t-elle ? Tout dépendra de la capacité de Téhéran à tenir militairement et surtout politiquement le choc. Pour l’heure, le régime essaie de répondre aux salves lancées sur son territoire mais l’état-major des Gardiens de la révolution, véritable force militaire du pays, a été décapité, et le stock de missiles balistiques – l’arme la plus dangereuse dont dispose Téhéran – finira tôt ou tard par s’épuiser. La seule question qui vaille aujourd’hui, c’est surtout : «Pourquoi ?» Pourquoi prendre le risque de causer tant de morts civils en Iran et en Israël ?
Récit
Certes, le programme nucléaire iranien semblait se développer à grande vitesse. Mais le président américain était pour une fois dans une optique de négociations. Et les dernières cibles visées par Israël, les sites pétroliers et gaziers, semblent indiquer que le nucléaire n’était qu’un prétexte ou, disons, une opportunité. Benyamin Nétanyahou, qui brandit la menace iranienne depuis plusieurs décennies, est assuré, en mettant le feu à l’Iran, de rassembler tout Israël derrière lui. Et donc de rester le chef de guerre dont il a endossé le costume pour rester au pouvoir. La population iranienne qui, dans sa grande majorité, abhorre ce régime des mollahs qui la terrorise et la prive de toute liberté, aura-t-elle le même réflexe ? C’est ce qui déterminera sans doute la suite de la guerre.