Plus de trois jours que la planète retient son souffle, des Etats-Unis jusqu’aux Philippines en passant par l’Europe et jusqu’à la Russie, suspendue à la trêve acceptée par Israël et le Hamas en échange de la libération d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens. Après un gros moment de tension et d’incertitudes, samedi 25 novembre, qui a fait craindre une rupture de l’accord, les libérations se sont finalement déroulées comme prévu dans la soirée et à nouveau dimanche, donnant lieu à des scènes de retrouvailles d’autant plus poignantes qu’elles concernaient pour beaucoup des enfants.
Contre toute attente, les deux parties semblent donc déterminées à respecter les termes négociés d’arrache-pied par un certain nombre de médiateurs, au premier rang desquels le Qatar, dont des représentants étaient samedi à Tel-Aviv et dimanche à Gaza. C’est qu’Israël et le Hamas y ont tous deux intérêt. Ou disons qu’aucun n’a intérêt à devenir celui qui aura rompu la trêve. Le gouvernement israélien subit une pression énorme des familles d’otages et de Joe Biden pour cesser des bombardements sur Gaza dévastateurs sur le terrain et dans l’opinion mondiale. Le Hamas, qui se dit prêt à prolonger la trêve, se délecte sans doute, dans sa grande perversité, de jouer avec les nerfs des familles et des dirigeants de la planète tout en profitant de l’interruption des bombardements pour se réorganiser. Ce silence, qui a succédé au fracas des bombes, a soudain une saveur et une valeur inouïes et l’on peine à comprendre comment la guerre pourrait reprendre. Le président américain pèse d’ailleurs de tout son poids sur Benyamin Nétanyahou pour que la trêve débouche sur un cessez-le-feu, mais le Premier ministre israélien, bien conscient du piège qui s’est refermé sur lui, continue à marteler que l’offensive israélienne sur Gaza se poursuivra «jusqu’à la victoire». Une victoire qui semble illusoire vu l’ampleur des dévastations et la polarisation du monde.