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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Hamas-Israël, la guerre qui rebat les cartes

Pays arabes, Etats-Unis, Russie, Chine, Europe, Amérique latine… Le conflit qui compte déjà des milliers de morts décompose l’ordre mondial et déstabilise des équilibres déjà précaires.
Le nord de la bande de Gaza vu de la ville israélienne de Sdérot. (Ronaldo Schemidt/AFP)
publié le 9 novembre 2023 à 21h09

Le monde d’avant le 7 octobre paraît bien loin. En quelques semaines, les massacres commis par le Hamas sur le sol israélien puis les bombardements de Tsahal sur la bande de Gaza ont ébranlé la planète, rebattant les cartes d’un jeu géopolitique déjà brouillé par l’offensive de la Russie en Ukraine. Contrairement à cette guerre-ci, qui a très vite soudé le camp occidental contre Moscou (Pékin observant une relative neutralité), la guerre au Proche-Orient a pulvérisé toutes les alliances, semant le trouble au sein de chaque pays et menaçant de déstabiliser des équilibres déjà précaires. La moindre étincelle de trop et tout peut s’embraser. Le drame, c’est que chacun se sent obligé d’être violemment pour un camp et contre l’autre, difficile de trouver des dirigeants ou des populations appelant à la coexistence de deux Etats, israélien et palestinien. En pleine campagne électorale, Joe Biden peine à justifier son soutien inébranlable à Israël, y compris dans son propre camp, ce qui pourrait lui coûter cher dans un an, et l’on préfère ne pas imaginer un Donald Trump au pouvoir dans le monde actuel. L’Europe se déchire entre tenants du droit d’Israël à se défendre et appels à un cessez-le-feu pour préserver les populations civiles de Gaza.

Au Moyen-Orient, c’est la peur qui règne : les accords d’Abraham qui devaient être conclus entre l’Arabie Saoudite et Israël (sur le dos des Palestiniens) sont suspendus si ce n’est enterrés. La Jordanie, peuplée majoritairement de Palestiniens, tremble pour sa stabilité. Idem pour l’Egypte, qui se trouve aux portes de Gaza. Et l’Iran, parrain du Hamas, se prépare tranquillement à avoir l’arme nucléaire, ajoutant un soupçon supplémentaire d’angoisse à une situation qui n’en manque pas. Vladimir Poutine, bien sûr, se frotte les mains car tout ce qui divise et affaiblit le camp occidental est pour lui bon à prendre tandis que Xi Jinping attend de savoir de quel côté va pencher le balancier. Si certains en doutaient encore, l’époque où la communauté internationale laissait le conflit israélo-palestinien couver à petit feu est révolue. C’est peut-être le seul mini espoir que nous offre cette tragédie.