Menu
Libération
L'édito

Harcèlement scolaire, l’affaire de tous

Le plan de lutte contre le harcèlement dans le primaire, collège et lycée, «Phare», est censé permettre d’agir dès la première alerte. Mais comment mettre en place une réelle politique de prévention quand le manque de moyens et de formation du personnel encadrant est criant ?
(Aseyn/Libération)
publié le 26 septembre 2023 à 20h33

Elisabeth Borne présente ce mercredi un plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire. C’est une très bonne nouvelle. Il faut bien sûr attendre de connaître le détail des mesures qui seront mises sur la table, et les moyens qui iront avec, pour mesurer la réalité du branle-bas de combat que semblent vouloir décréter les pouvoirs publics. Mais le sujet est d’une telle importance que tous les efforts en la matière sont bienvenus. Car il y a urgence. Le scandale de la lettre menaçante envoyée en mai par le rectorat de Versailles aux parents d’un adolescent qui s’est suicidé peu de jours après la rentrée montre l’ampleur du travail qui reste à accomplir au sein de l’Education nationale. Car si la France a commencé il y a une dizaine d’années à prendre le sujet au sérieux, elle reste globalement à la traîne dans la mise en place de dispositifs de prévention.

Lanceurs d’alerte

Il est encore trop fréquent d’entendre des enseignants considérer qu’ils ne sont pas outillés pour repérer des situations à risques, ou qu’ils n’ont pas été formés pour. Les profs doivent évidemment être en première ligne, avec l’ensemble des personnels de l’éducation. On sait malheureusement que les assistantes sociales, les infirmières, les surveillants, pour ne citer qu’eux, sont trop peu nombreux aujourd’hui pour jouer leur rôle de lanceurs d’alerte. Par ailleurs, la géographie du harcèlement déborde évidemment le strict cadre scolaire. C’était vrai avant. Ça l’est davantage depuis l’usage généralisé par les adolescents des téléphones portables et des réseaux sociaux.

Les progrès qui pourront être enregistrés devront aussi beaucoup à l’implication des parents, et donc à l’amélioration des liens qu’ils entretiennent avec l’institution scolaire. La police, la justice doivent elles aussi participer à la prise au sérieux de la lutte contre ce phénomène, dans une logique davantage préventive que répressive. Il n’y a pour lutter contre le harcèlement scolaire pas de recettes miracles. Mais il existe des recettes. La première est de mettre dans la tête de tous les acteurs que c’est un sujet majeur, qui concerne beaucoup trop de jeunes, pourrit parfois leur vie, quand il ne la détruit pas.