Menu
Libération
L'édito

Il est temps de reconnaître que la Chine est une dictature

Le territoire chinois devient dangereux non seulement pour ses propres citoyens mais aussi pour les étrangers qui ne peuvent bénéficier sur place d’aucun recours.

Rémi (le prénom a été modifié) a été emprisonné pendant plus de deux ans. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
Publié le 15/09/2025 à 20h48

La Chine est devenue un pays dangereux pour les étrangers. On sait depuis un moment que le régime de Xi vire de plus en plus autoritaire : le cauchemar orwellien de la pandémie – avec ces femmes et ces hommes contrôlés vingt-quatre heures sur vingt-quatre par des caméras et des drones – a montré comment la surveillance numérique s’était peu à peu muée, pour les autorités chinoises, en un outil de gestion de la population dans lequel l’humain n’a plus sa place. Et, depuis 2024, les autorités chinoises peuvent inspecter smartphones, ordinateurs personnels et d’autres appareils électroniques sur simple soupçon d’espionnage. Mais les témoignages que nous publions dépassent tout ce que l’on peut imaginer. La deuxième puissance mondiale n’hésite plus, tel un Etat ou une organisation paria, à recourir à la diplomatie des otages en guise de levier géopolitique, à torturer et à priver les prisonniers des droits les plus élémentaires. Les procès sont souvent de vulgaires farces, le Parti communiste décidant seul des peines et de leur longueur. Il peut même vous faire disparaître purement et simplement dans un lieu dédié inconnu de vos proches.

Libération a longuement alerté, ces dernières années, sur la répression intense dont était l’objet par Pékin la minorité chinoise musulmane des Ouïghours. On sait désormais que toute personne présente sur le territoire chinois peut être l’objet de mauvais traitements et la population locale, elle, ne peut bénéficier d’aucune aide extérieure. L’aide extérieure, parlons-en : le commerçant français, dont nous publions le récit, emprisonné et torturé avant d’être finalement acquitté, a été totalement lâché par l’Etat français, ce qui semble lunaire. Est-ce motivé par la peur de déplaire à une puissance avec laquelle on ne veut pas se fâcher ? La règle selon laquelle le ministère des Affaires étrangères est responsable de tous les ressortissants français à travers le monde ne devrait pas connaître d’exception. Il est temps de reconnaître que la Chine est une dictature, contrairement à ce qu’affirmait il y a peu la députée LFI Sophia Chikirou, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tous ceux qui peuvent l’être.