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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Il n’est plus supportable de faire des économies sur le dos des plus précaires

Alors que les inégalités sont en hausse et atteignent des niveaux parmi les plus élevés depuis trente ans, les choix budgétaires du gouvernement nourrissent la spirale de l’appauvrissement.
Le Premier ministre, François Bayrou, le 15 juillet 2025. (Abdul Saboor/Reuters)
publié le 30 juillet 2025 à 20h23

On a bien compris qu’il fallait faire des économies partout et que les secteurs les plus importants pour l’avenir allaient trinquer – la santé, l’éducation, la culture –, mais est-il bien raisonnable que, par-dessus le marché, le niveau de vie des plus précaires continue à augmenter plus lentement que celui des plus aisés ? La réponse est bien sûr dans la question. Qu’il faille faire des économies, vu l’état des finances publiques, cela paraît évident. Que cela concerne toujours les mêmes n’est plus supportable. Les indicateurs d’inégalité sont en hausse et ils atteignent des niveaux parmi les plus élevés depuis trente ans. Et l’on s’étonne que beaucoup des plus touchés aillent chercher réconfort à l’extrême droite qui, comme à son habitude, rase gratis.

L’année blanche sur les prestations sociales et le gel du montant et des seuils des minimas sociaux ne vont rien arranger. Sans parler d’une énième réforme de l’assurance chômage dans les tuyaux, qui vise à réduire la durée des droits et à durcir les conditions d’accès, alors qu’une précédente réforme il y a deux ans avait précisément contribué à cet appauvrissement. Et tout est à l’avenant : notre reportage dans le Finistère pour documenter la chasse aux plus précaires le montre bien. Le Premier ministre, qui a été Haut-Commissaire au plan de 2020 à 2025 et qui a donc eu tout le loisir de planifier des objectifs de réduction de la pauvreté, a promis oralement au début du mois de confier au Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale le soin de définir un objectif à dix ans de réduction de la pauvreté. Cela ne mange pas de pain. Mais, vu le calendrier électoral (municipales puis présidentielle sans compter un possible changement de gouvernement à la rentrée), il est probable que ce énième rapport va tomber dans les oubliettes. Et que, pendant ce temps-là, si aucune mesure forte n’est adoptée, les inégalités vont inexorablement continuer à s’accroître.