Pour le monde entier, le nom de ces endroits évoque immédiatement des rêves de réussite, de beauté, d’amour et de gloire – Mulholland Drive, Sunset Boulevard, Malibu, Santa Monica. Mais le cauchemar est là pour les centaines de milliers de personnes évacuées en catastrophe de leurs maisons dont beaucoup ont été ravagées par les flammes. Alors que plus de 10 000 hectares ont déjà brûlé en moins de quarante-huit heures dans la mégalopole de Los Angeles, le feu menaçait de s’étendre encore ce vendredi, encouragé par les vents violents, la sécheresse des sols et la pénurie d’eau. C’est pourtant l‘hiver en Californie, mais asséchées par les conséquences du dérèglement climatique, les collines d’Hollywood flambent. Illuminé de braises incandescentes, le ciel est noir même en plein jour, contribuant à l’incompréhension et l’impression d’apocalypse.
Cette catastrophe naturelle annonce d’ailleurs une catastrophe toute politique : l’entrée en fonction de Donald Trump, qui s’est empressé d’accuser le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, d’avoir détourné de l’eau destinée aux Californiens pour protéger un poisson en voie de disparition, une référence à un nouveau plan de gestion du fleuve Colorado qui n’a aucun lien avec la lutte contre les incendies. «Le climat de Los Angeles est celui de la catastrophe, de l’apocalypse», écrivait Joan Didion en 1968 dans un essai sur les vents de Santa Ana, qui selon l’autrice sont bien décidés à nous rappeler «à quel point nous sommes proches du gouffre». Qui pourrait nier que nous nous en sommes encore rapprochés depuis, alors que les climatologues n’ont eu de cesse de nous alerter ? L’incendie à Hollywood ne vient que prouver que ni la richesse, ni la beauté, ni la renommée ne pourront nous sauver de la réaction vengeresse de la Nature à notre inertie.