Ce n’est plus un sujet d’inquiétude. C’est beaucoup plus que cela. Presque un sujet de survie tant le moment de bascule pour le rôle de régulateur, que joue l’Amazonie pour la planète entière, approche. Il est là en réalité. Tout le monde le sait depuis des dizaines d’années, mais l’été qui vient de s’écouler le rappelle dramatiquement. Si dramatiquement que citer la phrase de Jacques Chirac prononcée en septembre 2002, «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs», paraît soudain dénué de sens, un cliché qu’il est presque contre-productif d’utiliser pour faire comprendre l’urgence absolue qu’il y a à sauver l’Amazonie.
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Car, vingt-deux ans après, que dit cette phrase célèbre, sinon notre inconscience à laisser ce poumon grand comme deux fois l’Inde mourir à petits feux, si l’on ose dire, condamné par l’infernal cocktail du réchauffement climatique et de la déforestation ? Petits feux, on n’aurait pas dû oser dire, car les Brésiliens, mais aussi leurs voisins dans huit autres pays, sont en ce moment, au sens propre, asphyxiés par les fumées générées par des milliers et des milliers de foyers d’incendies dévastateurs pour la forêt amazonienne, presque 40 000 rien qu’en août. Selon des images satellites, 60 % du territoire brésilien serait enfumé.
Faut-il encore insister sur l’impact – et donc le coût – sur la santé humaine ? Ou sur le désastre écologique dans un territoire qui concentre 10 % de la biodiversité mondiale ? Et si la bascule approche, c’est parce que la saison des pluies se fait de plus en plus attendre. Les scientifiques expliquent que pendant des millions d’années, la forêt amazonienne a pu continuer de jouer son rôle de poumon planétaire, mais qu’à cause du dérèglement climatique, qu’accentue la déforestation, ce ne sera plus le cas dans quelques années. Certes, la déforestation a diminué de moitié en 2023 par rapport à 2022. Il serait donc faux de dire que rien n’est fait, ou qu’il n’est pas préférable de voir Lula diriger le Brésil plutôt que Bolsonaro, ou bientôt Kamala Harris plutôt que Trump. Il est en revanche indiscutable qu’il faut faire beaucoup plus, très, très vite.