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Libération
L'édito de Lauren Provost

Inceste: sauver la Ciivise et passer à l’action

Depuis mars 2021, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences faites aux enfants a recueilli des milliers de témoignages. Une œuvre qui doit se poursuivre et être suivie de décisions concrètes pour protéger les victimes.
Arnaud Gallais, militant et membre bénévole de la Ciivise, chez lui à Paris. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 15 novembre 2023 à 21h04

Quarante-quatre ans. C’est l’âge moyen des victimes d’inceste qui ont témoigné auprès de la Ciivise, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences faites aux enfants, depuis ses débuts en mars 2021. La preuve qu’il faut du temps. Pour parler. Pour guérir ou commencer à le faire. Il en faut aussi pour apporter des réponses concrètes à ce fléau qui touche 160 000 enfants chaque année en France. La Ciivise a-t-elle eu le temps de mener cette mission à bien ? Après trois ans de travaux, elle s’apprête à rendre son rapport final, ce vendredi 17 novembre. Après avoir recueilli 27 000 témoignages dans le sillage du livre-phénomène de Camille Kouchner, la Familia Grande, et du mouvement #MeTooInceste sur les réseaux sociaux, elle formulera une série de recommandations. Et ensuite ? Son avenir est incertain. Mais les associations et des parlementaires réclament son maintien.

C’est le cas d’Arnaud Gallais, militant, devenu membre bénévole de la Commission. En janvier 2021, son portrait et ses mots sont en une de Libération : «La peine infligée à un enfant est inimaginable», lâche-t-il. A l’époque, il vient tout juste de mettre les mots – double inceste – sur ce que lui a fait subir son grand-oncle à huit ans, puis, à douze, deux de ses cousins. Il le comprend à l’occasion d’un entretien avec une journaliste, et appelle à une prise de conscience générale. Il demande aussi «un arsenal législatif et judiciaire» pour «protéger les enfants».

Aujourd’hui, il appelle de nouveau à passer à l’action. Dans les pages de Libération, il réclame «des moyens» pour la police, pour la justice, mais aussi la prise en charge des victimes. Il appelle également, comme pourrait le faire le rapport de la Ciivise, à lever la prescription s’agissant des violences sexuelles sur mineurs. Il souhaite voir son pays envoyer un message fort aux bourreaux, à l’image de la promesse d’Emmanuel Macron, qui, lors de son discours actant la création de la Ciivise, il y a bientôt trois ans, promettait : «Nous ne laisserons aucun répit aux agresseurs.»