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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Inégalités hommes-femmes dans le sport : le parcours des combattantes

A l’occasion du 8 mars et avant les JO de Paris qui se veulent «les premiers Jeux paritaires», «Libé» a enquêté sur les obstacles encore présents sur le chemin des sportives, qui n’ont désormais plus peur du regard des autres.
De gauche à droite, de haut en bas : Manon Genest, Coline Devillard, Clarisse Agbegnenou et Rénelle Lamote.
publié le 7 mars 2024 à 20h35

Beaucoup a été fait pour donner aux sportives davantage de visibilité et surtout des droits identiques à ceux des sportifs, mais on n’y est pas encore. Un certain nombre de sauts qualitatifs restent à accomplir et ces JO de Paris, qui se présentent comme «les premiers Jeux paritaires de l’histoire de l’olympisme», sont peut-être l’occasion de forcer l’allure. Comme certaines le soulignent, le jour où l’on verra en nombre des femmes entraîner des hommes, alors cette course-là aura été gagnée : dans le sport, mais aussi dans le reste de la société où les difficultés des femmes sont globalement les mêmes, on pense notamment aux premiers jours des règles qui peuvent être très handicapants et à la difficulté de progresser dans la hiérarchie – ou la sélection nationale – lorsqu’on doit s’absenter plusieurs mois en congé maternité.

Voilà pourquoi nous avons choisi, à l’occasion du 8 mars, d’interroger deux immenses sportives, de deux générations différentes : Marie-José Pérec, triple championne olympique en athlétisme, et Romane Dicko, prodige précoce du judo français. L’idée était de comprendre le chemin parcouru et la course d’obstacles que les sportives ont dû et doivent encore surmonter. La première a clairement essuyé les plâtres. Arrivée de sa Guadeloupe natale pour épater sa grand-mère, «être sa petite Mohamed Ali», elle s’est retrouvée scrutée pour sa plastique ou sa couleur de peau et non pour son talent, intériorisant sa colère par peur d’être accusée de perdre ses nerfs comme on l’a longtemps dit des femmes qui l’ouvraient. Marie-José Pérec comptait ses mots quand Romane Dicko en déborde, n’hésitant pas à utiliser les réseaux sociaux pour pallier le manque de médiatisation, fonçant, défonçant tout sur son passage sans aucune peur du regard de l’autre. Son modèle n’est pas Mohamed Ali mais Serena Williams. C’est peut-être ça qui a le plus changé pour les sportives : elles n’ont plus peur du jugement de l’autre, elles y vont, rien ne les arrêtera. C’est une avancée énorme.