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Libération
L'édito de Lauren Provost

Inondations dans le Pas-de-Calais : l’heure n’est pas à «continuer» nos modes de vie

Alors que la montée du niveau marin est inéluctable, il est urgent de s’adapter. Des habitudes séculaires vont devoir évoluer.
A Saint-Omer, mardi 14 novembre. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)
publié le 14 novembre 2023 à 21h01

Le Nord et le Pas-de-Calais se sont fait déborder. Après des tempêtes exceptionnelles, des pluies diluviennes, des nappes phréatiques pleines et des milliers de sinistrés, l’état de catastrophe naturelle a été reconnu et 50 millions débloqués. Les collectivités et les particuliers qui ont subi, et subissent encore, des précipitations intenses, vont pouvoir être indemnisés, a annoncé ce mardi Emmanuel Macron depuis Saint-Omer. Pour les agriculteurs qui ont perdu leur récolte, le dispositif de calamités agricoles sera activé, a tranquillisé le Président, les pieds dans l’eau. Interrogé sur la construction de maisons dans des zones inondables, Emmanuel Macron a aussi répondu «qu’il fallait regarder au cas par cas» et s’est à nouveau voulu rassurant : «On continuera à vivre dans le marais, à y travailler car les gens y tiennent et que c’est magnifique». «Continuer»… Sur ces sujets, il faut retirer ce verbe du lexique de nos dirigeants. Ou du moins, arrêter de pratiquer le «en même temps» cher au nôtre (qui, à votre avis, a également déclaré ce mardi que «l’adaptation de notre pays aux événements climatiques va nous obliger à revoir notre fonctionnement» ?).

Comme le note Météo-France, une étude d’attribution spécifique nous dira à quel point cet épisode de précipitations exceptionnelles a été aggravé par le changement climatique. Mais on sait que les inondations et les tempêtes, qui sont des phénomènes naturels, peuvent être amplifiées par le réchauffement climatique causé par nos activités humaines. On sait que la montée du niveau marin est inéluctable. Que les territoires côtiers et les terres basses comme le Pas-de-Calais seront plus inondables à l’avenir et plus exposés au risque de submersion. On redoute des précipitations plus importantes l’hiver et des épisodes pluvieux intenses. La question de l’habitabilité de ces zones se pose déjà. Les infrastructures créées pour faire tampon lors de situations exceptionnelles limitent les dégâts, mais sont déjà dépassées. Des habitudes séculaires vont devoir évoluer. Des organisations sociales, politiques et économiques vont devoir «s’adapter». Le dire, mais dans la phrase d’après, n’a aucun sens. Ne leur laissez pas croire que «continuer» suffira.