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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Israël : la faute impardonnable de Benyamin Nétanyahou

En échouant à protéger les Israéliens, le Premier ministre a failli à sa mission la plus essentielle. Son refus de reconnaître la moindre responsabilité signe sa faillite morale.
Benyamin Nétanyahou le 12 octobre au ministère de la Défense, à Tel-Aviv. (Jacquelyn Martin/AFP)
publié le 16 octobre 2023 à 20h42

Il semblait inoxydable : il suscite aujourd’hui une détestation, voire une haine, qui ne retombera pas de sitôt. Benyamin Nétanyahou a commis bien davantage qu’une erreur : il n’a pas su protéger les Israéliens. Il est tenu pour responsable, par une grande partie du pays, de l’enchaînement des failles qui ont permis l’attaque terroriste du Hamas sur Israël le 7 octobre. «Il se voulait Churchill, il n’est que Chamberlain», peut-on lire dans le quotidien Yédiot Aharonot. En trois jours, sa cote de popularité est ainsi tombée de 55 à 35 %, selon un sondage réalisé pour une chaîne de télé israélienne. Pour couronner le tout, le Premier ministre israélien semble davantage préoccupé aujourd’hui par son propre avenir que par celui d’Israël. Aucune excuse publique pour avoir déplacé l’armée des pourtours de Gaza jusqu’aux colonies de Cisjordanie, à seule fin de protéger les colons et de satisfaire ses alliés d’extrême droite. Aucune excuse publique pour avoir dédaigné les alertes lancées peu avant la tragédie. Rien. Ah si, pardon : le Premier ministre israélien a établi des responsabilités, mais ce n’était pas les siennes. Les responsables, il faut les trouver à la tête de l’armée et du Shin Bet (le renseignement intérieur), voire parmi ces gauchistes laïques qui ne respectent pas le shabbat.

Bref, cet homme que l’on savait déjà corrompu, menteur, prêt à brader la démocratie israélienne pour se maintenir au pouvoir, se révèle être aussi un pleutre. Il n’échappera pas à une commission d’enquête, mais les Israéliens vont devoir composer avec lui jusqu’à la fin de cette crise. Il paraît évidemment impossible en ces temps incertains de convoquer de nouvelles élections. Si le vieil allié américain se démène tant pour ramener le calme dans la région, ce n’est donc pas pour sauver la mise du Premier ministre israélien, qu’il n’a jamais vraiment estimé, mais pour éviter une escalade qui embraserait le Moyen-Orient. Ce même Moyen-Orient que Nétanyahou présentait en se rengorgeant, il y a moins d’un mois à l’ONU, comme un futur havre de paix et de prospérité s’étendant de l’Arabie Saoudite à la Méditerranée.