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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Israël : la fin de la guerre n’est pas pour demain

Trois mois après le massacre du Hamas le 7 octobre, les dirigeants israéliens n’entendent pas mettre un terme aux opérations militaires à Gaza. Malgré le risque d’extension au Proche-Orient et le flou sur les suites à donner au conflit, la guerre apparaît en effet comme une opportunité pour un Benyamin Nétanyahou particulièrement ébranlé.
Le long de la principale route de la ville de Gaza mardi après des frappes israéliennes. (Mohammed Hajjar/AP)
publié le 4 janvier 2024 à 20h55

Voilà bientôt trois mois qu’Israël bombarde Gaza sans relâche, en représailles au massacre commis par le Hamas sur son sol le 7 octobre, et rien n’indique que cette campagne va prendre fin bientôt. Elle va ralentir ou changer de nature peut-être, mais les dirigeants israéliens, aveugles et sourds aux mises en garde de leurs propres alliés, n’entendent pas en finir avant… Avant quoi ? Nul ne le sait pour l’instant, sans doute même au plus haut niveau de Tsahal.

Eliminer les chefs de la branche militaire du Hamas, Yahya Sinwar et Mohamed Deif, les deux instigateurs de la tuerie du 7 octobre, fait bien sûr partie des buts de guerre et le bruit des armes ne s’arrêtera pas tant qu’ils ne seront pas atteints. Mais au-delà ? Faudra-t-il attendre que plus rien ne subsiste de Gaza, ni en surface ni sous terre ? Mais alors, les conditions de vie ne cessant de se détériorer dans l’enclave, que deviendront les civils palestiniens qui auront survécu ? Certains ministres israéliens d’extrême droite se verraient bien les chasser pour les remplacer par des colons – ce n’est pour l’instant qu’un rêve, ou plutôt un cauchemar, mais pour combien de temps ?

Ces interrogations sont d’autant plus vertigineuses que Benyamin Nétanyahou est un Premier ministre en sursis. Sa responsabilité dans les failles sécuritaires du 7 octobre est écrasante et la Cour suprême vient de le mettre à mal en retoquant la principale mesure de sa réforme judiciaire, celle-là même qui devait lui donner les pleins pouvoirs et lui permettre d’échapper à un procès pour corruption. C’est une bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que la guerre est sa meilleure alliée car on ne se débarrasse pas d’un chef, même discrédité, pendant que les canons tonnent. D’autant que la population israélienne, d’ordinaire divisée, est à ce point traumatisée par l’attaque du Hamas qu’elle continue à soutenir les bombardements sur Gaza. Voilà pourquoi la fin de la guerre n’est pas pour demain malgré les risques d’extension du conflit. Ce n’est ni dans l’intérêt de Nétanyahou, ni du Hamas qui se moque bien des morts palestiniens.