Menu
Libération
L'édito de Paul Quinio

IVG : 4 mars 2024, la liberté consacrée

L’inscription dans la Constitution de l’avortement comme d’une liberté «garantie» marque un aboutissement historique pour des décennies de combat menées par les femmes pour obtenir puis protéger un droit parfois menacé.
Au château de Versailles, où les parlementaires étaient réunis en Congrès, le 4 mars. (Denis Allard/Libération)
publié le 4 mars 2024 à 21h02

Peu importe qu’il n’y ait pas eu lundi de discours historiques à la tribune du Congrès réuni à Versailles pour inscrire dans la Constitution la liberté pour une femme de recourir à l’IVG. Un discours dont on reparlerait dans quarante ou cinquante ans, comme par exemple celui de Robert Badinter lors de l’abolition de la peine de mort. Ou, pour s’en tenir au sujet du jour, celui de Simone Veil lors de l’adoption de la loi dépénalisant l’avortement. Peu importe, ce n’est pas un jour à finasser : le 4 mars 2024 restera bel et bien une date historique.

Un jour où l’on a envie de dire merci à Madeleine Pelletier, féministe au début du XXe siècle qui pratiquait des avortements clandestins et a été condamnée pour ça ; envie de revivre le procès de Bobigny qui vit Gisèle Halimi obtenir l’acquittement de Marie-Claire Chevalier, jeune femme qui avait avorté après un viol ; envie de revoir, pour les partager, le courage et l’émotion de Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale. Envie aussi de rendre hommage à toutes ces militantes, à toutes ces élues, peut-être moins célèbres, mais qui, au quotidien, dans les associations, au Planning familial, dans leur parti, ont continué le combat sans jamais baisser les bras devant les conservatismes politiques ou religieux.

Envie de penser aux millions de Françaises qui ont avorté. Envie aussi de penser à ces millions d’autres femmes, à travers le monde, qui auront regardé ce vote au Congrès avec l’espoir que ces lumières-là, un jour, peut-être, s’allumeront aussi dans leur pays. Envie, donc, là, maintenant, de se réjouir. Envie de ne pas s’attarder sur ces 72 voix qui se sont prononcées contre lundi à Versailles. D’oublier aussi le temps d’une journée que cette bouffée progressiste intervient à contre-courant d’un vent réactionnaire inquiétant. Il ne s’agit pas d’être naïf ou béat. Juste de prendre le temps de savourer une victoire loin d’être symbolique.