Voilà de quoi redonner confiance en la politique. Et en la puissance du collectif. L’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, ce lundi, est une vraie victoire transpartisane, obtenue après une campagne intelligente et apaisée. Une performance dans le climat actuel. Cette victoire, ce sont les femmes qui l’ont arrachée, accompagnées par les hommes. Des femmes de tous horizons et de toutes générations, convaincues que leur combat allait dans le sens de l’histoire, une affaire de bon sens et d’évolution de la société. Des militantes associatives et des femmes politiques parfois opposées sur les idées militant main dans la main pour que, plus jamais, on ne puisse leur ôter la libre disposition de leur corps.
Bien sûr cette victoire vient de loin, de très loin, elle n’aurait jamais pu être obtenue sans l’implication des 343 femmes qui, dans un texte rédigé par Simone de Beauvoir, appelaient en 1971 dans le Nouvel Observateur à la légalisation de l’avortement, au risque d’être poursuivies et emprisonnées. Ni sans Simone Veil qui, quatre ans plus tard au terme de débats houleux, faisait adopter la loi légalisant l’IVG. Ni sans toutes ces anonymes qui, d’associations en Planning familial, se battent depuis des décennies pour aider les femmes en détresse. Peut-être cette victoire n’aurait-elle pas été possible non plus sans l’épouvantable retour en arrière observé aux Etats-Unis où nombre d’Etats, sous la pression des ultraconservateurs, ont récemment interdit l’avortement, même issu d’un viol ou d’un rapport incestueux. Cette décision d’un autre âge a fait prendre conscience en Europe que rien n’était jamais acquis. Et que, dans un monde de plus en plus tenté par le retour aux idées réactionnaires ou conservatrices, il devenait urgent de graver dans le marbre cette liberté fondamentale. Certains ont bien tenté de s’y opposer en France mais, très vite ringardisés, ils ont lâché l’affaire. Reste maintenant à donner aux femmes les moyens de ce droit intangible. Un autre combat commence.