Emmanuel Macron aurait voulu plomber l’ambiance qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Lundi 15 avril au matin, le chef de l’Etat, qui avait pris rendez-vous sur une chaîne d’info pour lancer la séquence «J - 100 jours» avant que ne démarrent les Jeux olympiques, a douché son monde en évoquant les plans B et C de repli, si d’aventure la cérémonie d’ouverture ne pouvait pas se tenir sur la Seine comme prévu, pour des raisons de sécurité. Comprendre : si le risque d’une attaque terroriste se révélait trop important. Il est évidemment heureux que toutes les autorités compétentes en matière de sécurité soient à pied d’œuvre pour prévenir ce risque. Le minimiser serait une faute. Mais toutes les autorités compétentes disent aussi que la discrétion, sur un tel sujet, en général prévaut.
La sortie du chef de l’Etat est d’autant plus surprenante qu’il est resté flou, et qu’elle a surpris jusque dans son entourage ou parmi les instances organisatrices. Ce qui, vu l’importance du sujet, laisse quand même perplexe. En tout cas, si Emmanuel Macron avait décidé de se rendre à la télé pour surfer sur la vague «plus que cent jours avant le top départ» et doper l’enthousiasme des Français, c’est raté. Le message essentiel retenu aura été celui de la sécurité, et de cette maman inquiète de laisser son fiston aller assister à la cérémonie d’ouverture. Risques terroristes, guerres en Ukraine et au Proche-Orient, c’est peu dire que les idéaux olympiques de paix et de fraternité ont du mal à se frayer une petite place parmi ces actualités plus dramatiques les unes que les autres. Elles expliquent peut-être que les Français n’ont manifestement pas encore les JO dans la tête. Un récent sondage d’Ipsos pour la Tribune du dimanche les décrit inquiets ou indifférents. Il reste cent jours pour tordre le bras à cette réputation qui veut que les Français, râleurs forcément râleurs, laissent depuis des années leur sens de la fête au vestiaire.