Grincheux ou joyeux, les Français ? Telle était la question à l’orée des Jeux olympiques. Après un premier week-end de compétition, la réponse s’impose. Il a suffi d’une cérémonie d’ouverture exceptionnelle vendredi soir pour que l’ambiance politique anxiogène de ces dernières semaines ne semble plus qu’un lointain souvenir. Même la pluie, qui a continué à tomber dru tout au long de la journée de samedi, n’a pas refroidi la ferveur palpable depuis l’embrasement de la vasque olympique par Marie-José Pérec et Teddy Riner et surtout cet Hymne à l’amour entonné par Céline Dion du premier étage de la tour Eiffel, un message dont le monde aura rarement eu autant besoin. Il est sans doute là, le secret de la réussite du début de ces Jeux : dans l’envie générale, l’espace de quelques semaines, d’oublier les haines qui alimentent les guerres fratricides, les batailles d’ego qui divisent les camps politiques, les tombereaux d’insultes qui inondent les réseaux sociaux.

Dans les rues de Paris ou les travées des enceintes sportives, cette envie était manifeste ce week-end. Encadrés par des forces de sécurité courtoises et disponibles, des inconnus venus de tous les pays du monde se parlaient soudain, s’excusant de vous bousculer, laissant volontiers leur place le long d’une barrière pour voir passer un cycliste trop rapide pour être visible, qu’importe, l’essentiel est ailleurs, dans cette envie d’être ensemble, de rire samedi sous la pluie ou de danser ce dimanche sous un soleil enfin de la partie. Les premières médailles ont achevé de galvaniser les foules. Et qu’elle était belle, cette première médaille d’or des Français, samedi au Stade de France, obtenue par une équipe de rugby à VII qui a tout donné, boostée par des supporteurs en liesse ! Il est évidemment encore trop tôt pour jurer que cet engouement durera jusqu’au bout, encore moins qu’il en restera quelque chose d’autre qu’un enthousiasme estival. Il suffit de regarder dans le rétro des derniers grands rendez-vous sportifs unificateurs pour prendre avec prudence l’idée qu’ils relèvent de l’événement au sens historique du terme. Mais que ces débuts de Jeux en aient le parfum ne fera de mal à personne.