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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

JO de Paris 2024 : Simone Biles, un mental d’acier

JO Paris 2024dossier
Après avoir dû renoncer à Tokyo en raison d’une défaillance mentale, la gymnaste américaine éblouit le public lors de ces Jeux en accumulant les médailles et les performances exceptionnelles. Un modèle de résilience.
La gymnaste Simone Biles à la Bercy Arena à Paris, dimanche 28 juillet.. (Francisco Seco/AP)
publié le 4 août 2024 à 21h12

Elle restera une des figures marquantes de ces Jeux olympiques 2024. Avec les Français Léon Marchand et Teddy Riner, l’Américaine Simone Biles ne cesse d’éblouir son public, même quand elle ne se produit pas avec son justaucorps Swarovski aux 10 000 cristaux qui en met plein les yeux. La gymnaste est un concentré d’énergie, de puissance, et de drôlerie parfois, qui en dit long sur l’importance du mental dans le sport et sur la nécessité absolue de trouver le meilleur accompagnement possible quand on vise les sommets. Et cela ne s’applique évidemment pas qu’au sport. Longtemps on a cru que l’entraînement physique était le seul allié de la performance, on a compris depuis peu que ce n’était pas le cas.

En juillet 2021, Simone Biles avait beau afficher trente-quatre heures d’entraînement par semaine, elle a dû déclarer forfait aux Jeux de Tokyo car la tête avait lâché. Trop de pression. Elle aurait pu s’effondrer, elle est au contraire allée puiser des ressources insoupçonnées au plus profond d’elle-même, balayant une vie rythmée par des allers et retours dans des ­familles d’accueil, puis marquée par des agressions sexuelles commises par le médecin de l’équipe américaine de gymnastique. Et l’on passe les réflexions racistes et les moqueries à propos de ses muscles exceptionnellement développés. Voilà d’où viennent les médailles d’or amassées à Paris par une Simone Biles qui n’a jamais paru aussi détendue, capable de donner publiquement à son équipe le surnom de «FAAFO» pour fuck around and find out («qui s’y frotte s’y pique»), ou de dévorer sans se cacher un pain au chocolat industriel a priori contraire aux règles de la diététique puis plus tard un crookie, mélange de croissant et de cookie. Elle est aussi là sa force : elle est libre. Elle a prouvé qu’elle pouvait revenir de l’enfer, se reconstruire après avoir été détruite et pulvériser tous les records. Et même en demander encore puisqu’elle n’exclut pas, à 27 ans, de concourir aux prochains JO de Los Angeles. Bel exemple de résistance aux aléas de la vie.