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Libération
L'édito de Jonathan Bouchet-Petersen

La gauche doit jouer collectif pour ne pas rester spectatrice

Les partis non mélenchonistes doivent se rassembler autour d’idées communes et d’un programme de transformation aussi crédible que radical. Avant de penser au candidat qui les incarnera.
(Jeanne Macaigne/Libération)
publié le 28 juin 2025 à 9h37
(mis à jour le 30 juin 2025 à 12h13)

Des gauches unies mais pas de candidat unique pour toute la gauche. Voilà l’option la plus optimiste dans la perspective de 2027. Ce n’est pas une surprise, Jean-Luc Mélenchon est déjà lancé dans une quatrième aventure présidentielle. Il n’a de toute façon jamais voulu entendre parler d’un processus l’amenant à concourir avec d’autres — à commencer par les socialistes et cela s’entend — pour être le porte-drapeau de toutes les gauches. Ce schéma est une chimère, même François Ruffin (ex-LFI), malgré sa proposition formelle d’une primaire allant «de Poutou à Hollande», le sait fort bien.

Mais quid des écologistes, des communistes, des ex-insoumis «purgés» ou ayant pris leurs distances, des socialistes divisés et du soliste Raphaël Glucksmann (Place publique) ? Si on part non pas des stratégies de chacun mais, soyons fous, de l’aspiration de ceux qui pourraient voter pour eux, tout ce petit monde a intérêt à trouver le chemin de l’union pour espérer jouer autre chose que le rôle de simple spectateur.

Si des nuances et même parfois des divergences existent en son sein, la gauche non mélenchoniste doit se rassembler autour de ce qu’elle a en commun plutôt que de se déchirer encore et encore sur ce qui singularise chacune de ses chapelles. Il ne s’agit pas de se renier mais d’acter comme nécessité collective de porter ensemble un programme de transformation aussi crédible que radical. Une sorte de «gauche plurielle», cette fois unie dès le premier tour.

Maintenant qu’écologistes et socialistes ont tenu leurs congrès et même si le PS apparaît coupé en deux, l’enjeu à court terme est d’élaborer une plateforme programmatique commune sans verser dans le bricolage de circonstance. Titanesque, la tâche nécessite de se mettre collectivement et publiquement au boulot sans se laisser aller à turbuler chacun dans son coin. Il sera bien temps, ensuite, de faire acter par un maximum d’électeurs l’identité du meilleur candidat pour incarner cet élan à faire naître. Clémentine Autain (ex-LFI) se verrait bien en «cheffe d’orchestre» de ce qui apparaît pour l’instant comme un grand bazar. Elle n’est pas la seule.

Quant à Raphaël Glucksmann, qui bénéficie de sondages plutôt flatteurs en occupant notamment l’espace laissé vacant au centre gauche, il ambitionne — à l’instar de Mélenchon mais à l’autre bout de la gauche — de tracer sa route sans s’encombrer d’un tel préalable. Les perdants du dernier congrès du PS sont eux aussi sur cette ligne qui n’a pas l’unité comme boussole.

Parce qu’une présidentielle se joue aussi (surtout ?) pendant la campagne, il s’agira d’observer qui incarnera le vote utile à gauche. De nouveau Mélenchon, comme en 2017 et en 2022 ? L’affaire est loin d’être jouée d’avance mais on peut dire sans prendre trop de risques que si chaque nuance de gauche présente un candidat au premier tour, le plus probable est de voir la droite plus ou moins extrémisée et l’extrême droite s’affronter en finale. Voilà qui devrait contraindre les gauches au dépassement.