Il y a les images du jour, celles du Tour de France, dans les Pyrénées. La semaine prochaine, ce sera dans les Alpes. Des images de montagnes magnifiques dont France Télévisions se délecte, aujourd’hui comme il y a cinquante ans l’ORTF. Mêmes sommets impressionnants, même ferveur populaire, même exploits sportifs. Même impression dans la rétine ou les esprits que rien ne bouge. La montagne sera toujours la montagne, et les vaches sacrées du Tour resteront pour des siècles et des siècles bien gardées. Illusion. Car tout bouge en montagne, et très vite, sous l’effet du dérèglement climatique. Libération est allé le voir. Pas en cuissardes à Hautacam où les coureurs ont sué hier. Ni à la Plagne où ils seront dans quelques jours. Mais pas si loin non plus, juste un peu plus haut, à 2687 mètres, baudrier à la ceinture. C’était au Couvercle, un des refuges du massif du Mont-Blanc, avec vue sur ses glaciers. Du moins ce qu’il en reste.
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Le Tour et le vélo ? L’alpinisme et la très haute montagne ? Rien à voir, on est d’accord. Sauf que si, en fait : la montagne brûle et l’on regarde non pas ailleurs, mais ces images de sommets faussement éternels. Au Couvercle, voilà des années que les spécialistes, les alpinistes, les amoureux des glaciers ont compris que tout bouge. Les glaciers fondent, les blocs de rochers tombent, le bruit des éboulis rythme les ascensions, l’eau vient à manquer, les parcours de grimpe sont déviés car trop dangereux, les gardiens de refuge regardent la courbe des visiteurs chuter année après année. Ainsi va la vraie vie de la montagne aujourd’hui, quand, le 28 juin, il faisait 0°C à 5000 mètres d’altitude. C’est assez parlant pour valoir une répétition : 0°C à 5000 mètres d’altitude. Précision : Libération couvre chaque année le Tour. En essayant de ne pas se raconter d’histoires. Et là, entre le Couvercle et Hautacam, l’occasion était trop belle justement de raconter cette histoire que les images du Tour ne sauraient voir : l’impact du réchauffement sur la montagne.