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Libération
Edito

La Poste ne doit pas sacrifier les usagers pour se réinventer

Bousculée par les transformations technologiques et sociales du XXIe siècle, la Poste, service public au sens premier du terme, doit rester fidèle à sa mission originelle.
Une factrice en tournée dans les Cévennes, en 2009. (Meyer/Tendance Floue/Meyer/Tendance Floue)
publié le 6 janvier 2023 à 20h37

Le facteur et la factrice sont bien plus qu’un homme et une femme chargés d’oblitérer, transporter et distribuer le courrier. Ils sont fréquemment, en zones rurales et auprès des personnes âgées ou seules, l’un des rares liens humains quotidiens avec l’extérieur. Un confident souvent. Une assistante sociale parfois. Et la Poste est bien plus qu’une entreprise, c’est un service public au sens premier du terme : qui rend un service au public. Quant au bureau de poste, il n’est pas qu’un simple bureau, plutôt un lieu de socialisation (et aussi une banque) dans ces villages que médecins et boulangers tendent à déserter.

Mais voilà : le monde change, la société se transforme, les pratiques quotidiennes évoluent et la Poste, élément central de nos vies, ne peut se permettre de rester à l’écart de ces transformations. L’annonce, coup sur coup, de la suppression du timbre rouge et de la fin possible des tournées quotidiennes du facteur nous a toutes et tous choqués, comme si un pan de notre histoire nationale et familiale s’écroulait. Mais la Poste peut-elle faire autrement, à partir du moment où téléphones portables, réseaux sociaux et mails ont remplacé lettres et cartes postales, comme le montre bien notre reportage en Isère ? C’est un sujet de réflexion passionnant qui pose des questions sociologiques, économiques, géographiques et même philosophiques.

Et qui nous entraîne sur cette autre interrogation, politique celle-là : que doit être un service public en 2022, et comment le financer dans un univers fortement concurrentiel ? On voit bien que la question se pose chaque jour pour l’hôpital et l’école publique. Evoluer, se moderniser, c’est bien. Mais l’expérience montre que ce processus s’accompagne souvent de suppressions d’emploi, de souffrance au travail et de dégradation du service. Un effet pervers que la Poste doit à tout prix éviter si elle veut garder son image d’entreprise de proximité.