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Libération
L'édito de Lauren Provost

«La Rivière», un sursaut écologique vital

En salles ce mercredi 22 novembre, le splendide documentaire de Dominique Marchais donne à entendre la parole sensible et nuancée d’amoureux de la nature et fait naître un peu d’espoir dans un tableau pourtant bien sombre.
La pêcheuse Manon Delbeck veille sur des dizaines de kilomètres de rivière avec une association de pêche du Pays basque. Extrait du film «la Rivière». (Meteore Films)
publié le 20 novembre 2023 à 21h02

Changer de récit pour changer les choses. C’est le pari qu’a réussi Cyril Dion en 2015 avec le documentaire Demain, pour lequel il courait le monde au côté de Mélanie Laurent, en quête de solutions face à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité. En montrant ceux qui réinventent l’alimentation, l’économie ou encore l’éducation, le militant écologiste a attiré plus d’un million de Français au cinéma, reçu un césar. Surtout, il rencontre encore, huit ans plus tard, des spectateurs chamboulés qui ont changé de vie. On souhaite le même impact à Dominique Marchais et son documentaire la Rivière, en salles ce mercredi 22 novembre.

Cet ancien journaliste change aussi de récit avec sa promenade dans les rivières qui partent des montagnes des Pyrénées pour se jeter dans l’océan. Il réussit une prouesse : aborder un torrent de fléaux écolo sans nous laisser dans un état de désespoir total, ni dans une colère intense. Pourtant tout y est : assèchement, artificialisation, pollution, disparition du vivant… On repense à Sainte-Soline et ses mégabassines, aux alertes sur les contaminations de l’eau potable, à la sécheresse qui a saisi les Pyrénées-Orientales tout l’été. De quoi entrer en «désobéissance civile», comme l’évoque l’un des militants qui prend la parole dans ce long métrage. Mais on est rattrapé par la sensibilité des propos des premiers concernés. Ces amoureux de la nature en première ligne qui portent, malgré tout ce que l’humain a bousillé, une parole sensible, nuancée, à la hauteur de la complexité de la situation. On est captivé par la splendeur des espaces filmés. Accroché par les lueurs d’espoir, la restauration des milieux aquatiques qui porte ses fruits, les truites fario et les saumons qui reprennent leur place. En mêlant action, parole et rêverie, la Rivière fait partie de ces récits qui donnent envie de «bifurquer» et «sauver». Un sursaut écologique vital à quelques mois d’un scrutin européen où l’environnement sera au cœur de tous les débats et, malheureusement, de tous les clivages.