Ce 1er Mai, décidément, ne pouvait pas mieux tomber. D’abord parce que le mois d’avril, avec son lot d’angoisses, de fractures et de stress, nous a paru interminable. Ensuite parce que le combat politique pour les droits des travailleurs est plus d’actualité que jamais, cette campagne présidentielle l’a bien montré. Contrairement à ce que certains mauvais esprits ont tenté de faire croire, ce n’est pas la question de l’identité ou de l’immigration qui préoccupe la population française mais plutôt l’âge du départ à la retraite, l’augmentation des salaires (et notamment celui du smic), la réhabilitation des services publics, et la défense du modèle social qui permet d’amortir les crises quand elles surviennent. Autant de sujets qui déterminent aussi le pouvoir d’achat, la grande préoccupation du moment dans un contexte de crise internationale majeure.
Du pain sur la planche
Il va donc y avoir, dimanche dans les cortèges, de quoi interpeller le personnel politique. D’autant que la bataille des législatives s’annonce tendue, et que la gauche (historiquement en soutien des travailleurs), partie désunie à l’élection présidentielle, y joue une grande partie de son avenir et que ces sujets de préoccupation sont précisément les siens ! Les syndicats vont avoir là matière à revenir en fanfare sur le devant de la scène, eux qui ont donné l’impression ces dernières années d’être dépassés par la colère des gilets jaunes, le mépris du chef de l’Etat et la crise sanitaire qui les a coupés des salariés. Invisibilisés en somme, au profit des batailles individuelles. Leurs leaders auraient tort de ne pas saisir cette occasion en or de reprendre la main tant ce dernier quinquennat a souffert du manque de collectif. Voilà bien la plus grande bataille à mener : redonner le goût de la politique dans ce qu’elle a de plus beau et de plus galvanisant à une France déchirée, désabusée et individualisée ; démontrer avec force et enthousiasme qu’au-delà des querelles de partis et des batailles d’ego, ce 1er Mai célèbre d’abord la fête du collectif.