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Libération
L'édito de Paul Quinio

Le droit des femmes au RN : un ripolinage de façade

Le Rassemblement national, tout à son entreprise de «dédiabolisation», tente de faire croire que la cause des femmes le préoccupe. Mais derrière un vernis qui se dit féministe se cachent des motivations toujours plus identitaires et populistes.
Marine Le Pen à Avignon (Vaucluse), le 14 avril 2022, entre les deux tours de la présidentielle en avril 2022, à Avignon. (Denis Allard/Libération)
publié le 19 novembre 2023 à 20h59

Aux Etats-Unis, on retiendra surtout la décision de la Cour suprême, à la main de Donald Trump après des nominations successives décidées sous sa présidence, qui a rendu aux Etats la possibilité de légiférer sur l’IVG. Résultat, y avoir recours a été interdit ou entravé dans la moitié du pays. Mais on pourrait aussi évoquer la politique de l’ancien président en matière d’égalité salariale ou de violences faites aux femmes. Sans parler de ses outrances verbales. En Pologne ? Le nouveau gouvernement de coalition, où siège la gauche, va avoir du pain sur la planche pour faire oublier l’enfer pour les femmes qu’ont été les années PiS. Le droit et la justice, nom de la formation nationale conservatrice qui a exercé pendant huit ans le pouvoir, ce n’était manifestement pas pour elles. L’Italie ? Giorgia Meloni y mène une croisade pour restaurer par petites touches la vision très traditionnelle de la famille chère à l’extrême droite.

Ce ne sont là que quelques exemples, mais ils devraient suffire pour convaincre des conséquences alarmantes pour le droit des femmes d’une éventuelle arrivée au pouvoir en France de Marine Le Pen. Le Rassemblement national, tout à son entreprise généralisée de «dédiabolisation», tente évidemment de faire croire le contraire. Le remplacement de Jean-Marie Le Pen par une femme, en l’occurrence sa fille, aurait forcément changé la donne. Comme l’arrivée de davantage de cadres femmes dans l’organigramme du parti. Sauf que non. Derrière ce ripolinage de façade, le fond de sauce reste ultra-droitier et conservateur. Et la politique nataliste portée par l’extrême droite continue, l’air de rien, de s’appuyer sur une vision de la femme très «mère au foyer». Il suffit aussi, derrière la stratégie de communication, d’ausculter attentivement les travaux des élus, à l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, pour constater que quand il s’agit de voter des mesures progressistes en faveur du droit des femmes, il n’y a souvent plus personne.