Et revoilà, sans le dire mais en le disant quand même un peu, le débat sur… l’identité nationale. Oui, vous avez bien lu : 2025 est à peine entamée que nous avons fait un bond en arrière de seize ans pour revenir aux années Sarkozy que nous pensions enterrées depuis belle lurette. Il fallait s’y attendre. A force de voir les petits barons de LR Gérald Darmanin, Bruno Retailleau ou Laurent Wauquiez jouer à qui aura le discours le plus proche du Rassemblement national sur les questions d’immigration, histoire d’être en capacité de séduire l’électorat de Marine Le Pen en cas de candidature à l’élection présidentielle, la question ne pouvait que sombrer dans ce que le débat politique produit de pire : le rejet ou la méfiance de l’autre en fonction de ses origines ou de sa couleur de peau. Un débat qui nous éloigne dangereusement des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité.
Tout est parti de l’intention affichée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui a une fâcheuse tendance à oublier qu’il n’est plus ministre de l’Intérieur, d’élargir le débat sur le droit du sol à l’ensemble du pays après que celui-ci s’est ouvert à Mayotte. Bruno Retailleau qui, lui, n’oublie jamais qu’il est ministre de l’Intérieur – il s’est suffisamment battu pour le rester – n’a pu que surenchérir, et François Bayrou, qui s’était déjà entraîné à emprunter le langage du RN en parlant récemment de «submersion migratoire» en France, a vu un boulevard s’ouvrir sous ses pieds. Et voilà comment, de surenchère politicienne en combat de coqs, on achève de pourrir le climat politique en France et surtout on fait le jeu de l’extrême droite, qui n’en espérait pas tant.
Il est encore temps de reprendre ses esprits. Et cette remarque s’applique aussi au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, pour qui «le débat sur l’identité nationale n’est pas tabou». Vu l’état d’instabilité de la planète et les multiples défis qui attendent le pays s’il ne veut pas être écrabouillé par les nouveaux maîtres du monde, il y a bien plus urgent et important à faire que jouer avec le feu.