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Libération
L'édito de Paul Quinio

Le RN et l’écologie : des postures toxiques

Elections législatives 2024dossier
Opposition aux énergies renouvelables, soutien aux carburants fossiles, opposition entre «fin du monde» et «fin du mois»… Sur un sujet qui ne lui est pas familier, l’extrême droite reprend à son compte les discours antiécologiques du moment.
(Photomontage Libération/Getty Images)
publié le 20 juin 2024 à 20h53

Les 40 000 Français qui, selon Santé publique France, meurent chaque année à cause de problèmes respiratoires liés aux particules fines ? Pour Jordan Bardella, ce n’est pas un sujet. Ces agriculteurs atteints d’un cancer après avoir utilisé des années durant des pesticides toxiques ? Mais de quoi parlez-vous ? Ces ménages modestes qu’il faudrait davantage aider financièrement pour mieux isoler leur maison ? L’extrême droite préfère proposer une baisse de la TVA sur l’essence qui profitera davantage aux ménages aisés. La production d’énergie renouvelable ? Une escroquerie dont il faudrait sortir en important plus de gaz russe – ce qui a au moins le mérite pour le RN d’être cohérent pour entretenir ses penchants pro-Poutine. Et tant pis pour les 30 000 emplois potentiels que prévoient les experts dans cette filière industrielle. Les éoliennes qui saccagent nos paysages immuables ? Avec le RN, ce sera terminé.

Qu’importe que certains paysages en question crèvent déjà sous les effets du réchauffement. Inutile de poursuivre la liste, vous nous voyez venir : en cas d’accession de l’extrême droite au pouvoir, les préoccupations environnementales et la lutte contre le dérèglement climatique passeront en France clairement au second plan, quand elles ne disparaîtront pas. Sur ce sujet, le RN n’a jamais eu de colonne vertébrale. Il peut malheureusement se targuer d’épouser la tendance du moment à l’écologie bashing. Mais c’est aussi la confirmation que, sur un sujet aussi essentiel, le parti de Marine Le Pen n’a rien de sérieux à dire aux Français. Pire, il berce ses électeurs d’illusions, et notamment les plus modestes, en assumant un discours qui ne résoudra en rien leurs soucis. Il est incontestable que la conciliation entre «fin du monde et fin du mois» n’a été, à ce jour, résolue par personne. Et c’est un reproche que l’on peut adresser d’abord à la gauche. Mais il est tout aussi incontestable que le RN vend du vent aux plus modestes en niant les enjeux environnementaux.