L’aide à l’Ukraine en guerre s’annonce comme un des grands thèmes de cette campagne tout juste frémissante des élections européennes. C’est, si l’on ose dire, plutôt une bonne chose : quoi de plus important aujourd’hui au niveau européen que cette confrontation avec Vladimir Poutine, qui pourrait se transformer en guerre ouverte sur l’ensemble du continent si le président russe n’était pas dissuadé d’avancer plus avant ses hommes.
C’est ainsi qu’il faut comprendre les récents propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes au sol. L’idée du chef de l’Etat n’était pas d’envoyer des jeunes Français se battre sur le terrain, mais plutôt de montrer à Poutine que l’Europe n’entendait pas se laisser faire, en laissant planer une sorte d’ambiguïté sur les forces qu’elle était prête à mettre en balance. Objectif raté. Capacité de dissuasion, zéro. Les Russes ont appris à cette occasion que les alliés européens de la France, à commencer par l’Allemagne, n’avaient aucune intention d’aller se battre pour Kyiv. Et que la France elle-même se déchirait sur le sujet. Les sondages montrent que les Français n’ont pas apprécié les propos va-t-en-guerre d’Emmanuel Macron. La plupart des partis politiques sont vent debout.
Les propos du chef de l’Etat auront néanmoins eu le mérite de remettre sur la table l’urgence pour l’Europe d’accélérer les livraisons d’armes, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, préférant mille fois recevoir des armes demain que des soldats dans six mois. En alertant sur le danger représenté par la Russie, Emmanuel Macron avait aussi un objectif, plus prosaïque celui-ci : mettre dans l’embarras LFI et surtout un RN longtemps très proche de Vladimir Poutine, et accessoirement nettement en tête dans les sondages. La journée de débat à l’Assemblée nationale, ce mardi, s’annonce donc très instructive. Elle va être le miroir des contradictions des uns et des autres. Et placer chacun(e) devant ses responsabilités.