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Libération
L'édito de Dov Alfon

Législatives 2024 : croire au miracle

Elections législatives 2024dossier
A trois jours du premier tour des législatives, les composantes du Nouveau Front populaire ne ménagent pas leurs efforts pour faire mentir les sondages qui donnent encore l’avantage au RN.
Manifestation pour le Nouveau Front populaire place de la République, à Paris, le 10 juin. (Denis Allard/Libération)
publié le 26 juin 2024 à 21h05

Pas besoin d’une grande remontada, à peine d’un petit perfeccionamiento. Au premier tour des élections législatives ce dimanche, le Nouveau Front populaire (NFP) récolterait au gré des sondages entre 27% et 30%, sept ou huit points derrière l’extrême droite. Face à cet écart il y a ceux, indispensables à toute révolution, qui continuent inlassablement d’y croire. Nous les avons suivis, du vignoble nantais au centre de Grenoble, de porte à porte, de village en village, d’indécis à indécis en passant par les sceptiques, les incertains, les circonspects, les dubitatifs et les plus nombreux, ceux qui disent ne pas supporter Jean-Luc Mélenchon. Les arguments pour convaincre fusent ; c’est plus facile quand on a la foi.

Et puis il y a dans le camp de la gauche unie le deuxième groupe de fidèles que nous avons suivi, ceux qui ne croient pas aux miracles mais savent faire des calculs sur un tableau blanc bien trop effaçable, de triangulaire en triangulaire, de data scientist en statisticien chevronné, de circonscription en circonscription, d’alliance en alliance. Cachez ces compromis que je ne saurais voir, du moins pas à la veille d’un premier tour où, selon l’adage, on vote pour choisir. Et pourtant : on peut déjà prédire 95 à 100 duels entre le Rassemblement national et le NFP au second tour, avec, dans 60% des cas, des candidats plutôt socialistes que mélenchonistes. Une chance, par les temps qui courent, ou du moins une chance si le camp présidentiel renonce à sa posture dangereuse du ni-ni alors que ce lundi, socialistes, écolos et communistes se sont engagés à retirer les candidats en troisième position dans tous les cas de triangulaires. Que ceci paraît fragile, surtout sur le terrain. Tiens, voici Aurélien Rousseau, et voilà Olivier Véran, et n’est-ce pas Raphaël Glucksmann ? Tout autour d’eux, pourtant faisant campagne à des centaines de kilomètres les uns des autres, jaillissent exactement les mêmes questions. Sept ou huit points derrière le RN, et seulement trois jours pour éviter le pire.