Menu
Libération
Place à demain : l'édito de Lauren Provost

Les jeunes contre les boomer ? Il est temps de changer de refrain

Place à Demaindossier
La pseudo opposition entre les nouvelles générations et les anciennes est vieille comme l’humanité. Dans une période particulièrement difficile pour la jeunesse, il est temps d’en sortir pour les laisser mettre à profit leurs idées et leurs luttes.
(Elodie Lascar/Libération)
publié le 26 janvier 2024 à 5h36

Les 26 et 27 janvier 2024, Libération coconstruit avec les moins de 30 ans Place à demain. Un événement dédié à l’écoute de la jeunesse et ouvert aux débats entre toutes les générations. Une soirée et une journée de rencontres gratuites, au Théâtre du Nord et en partenariat avec la Métropole européenne de Lille, le Théâtre du Nord, la CCI Grand Lille Hauts-de-France, l’université de Lille, la Voix du Nord et BFM Grand Lille. Entrée libre sur inscription.

«Je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir de notre pays si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible.» «Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge.» Un débat CNews sur le plateau de Pascal Praud commentant la nomination du plus jeune Premier ministre de la Ve République ? Non, des citations attribuées respectivement à Hésiode (720 av. J.-C.) et Socrate (470-399 av. J.-C.). Elles montrent à quel point le conflit générationnel et le manque de considération envers la jeunesse sont une vieille rengaine. Très, très vieille. Et cette petite musique continue de leur prendre la tête. Les jeunes seraient «paresseux», «égoïstes», «obnubilés par les écrans», «à la limite responsables d’une crise démocratique parce qu’ils ne votent pas», nous dira une jeune habitante de la métropole lilloise. Ces adjectifs, on les entend en famille, dans les entreprises, mais aussi dans les médias… Soyons honnêtes.

Des jugements négatifs qui se sont intensifiés ces dernières années dans une société toujours plus polarisées. Nos rencontres sur le terrain montrent qu’ils coupent les ailes de bon nombre de jeunes gens, les empêchent de croire en eux et en l’avenir. Surtout quand ils cumulent les plus grandes difficultés économiques et sociales. Pourtant les jeunes doivent affronter des défis sans précédents : taux de chômage record, inflation galopante, inaccessibilité du logement et une crise climatique omniprésente. C’était mieux avant, disent les anciens. C’est factuellement le cas. Pour autant, ceux qui commencent leur vie d’adulte dans ces conditions peu réjouissantes ne reçoivent aucune tendresse supplémentaire de leurs aînés.

Alors, comment changer le regard ? Restaurer le dialogue et dépasser ce «OK boomer» utilisé pour mettre fin à toute discussion depuis son utilisation par une jeune députée néo-zélandaise pour clouer le bec à son adversaire ? Il faut commencer par se débarrasser des idées reçues. En finir avec le déni de l’engagement des jeunes. Intéressons-nous à leurs combats pour le climat, les droits LGBT + et toutes leurs formes de solidarité et d’engagement, qu’eux-mêmes ne perçoivent pas comme telles. Regardons comment ils changent le monde du travail en refusant les stages qui ne correspondent pas à leurs valeurs. Comment ils s’informent en continu sur les réseaux sociaux quand on les pense scotchés à des vidéos abrutissantes. Il faut les accompagner. Les enjeux sont trop importants pour les laisser seuls avec leurs problèmes. Problèmes que leurs aînés, tout ce temps, avaient sous le nez.