Ne dites pas à ses admirateurs qu’il est devenu fou, ils sont persuadés que leur écrivain fétiche – accessoirement agitateur politique, rock star, génie visionnaire et prophète biblique – maîtrise ses provocations. Michel Houellebecq, le plus célèbre des écrivains français, sinon le plus grand, est un sujet d’enquête difficile et fuyant, mais dont il serait étrange de faire l’économie : son influence est toujours là, même si elle est consacrée aujourd’hui presque exclusivement à une propagande raciale au napalm dont il ne maîtrise plus la trajectoire. La genèse de son obsession contre l’islam peut venir de son enfance en Algérie française, dont il ne parle jamais ; mais on peut aussi simplement accepter le diagnostic de l’un de ses (nombreux) amis : «C’est dur à dire, mais Michel est authentiquement islamophobe.»
Mais non, nous disent les autres, vous ne l’avez pas compris. «Michel a une stratégie à la Balzac», explique Marin de Viry, tandis que Laurent Wauquiez le met «à la hauteur de Céline», et refuse la polémique autour de ce qu’il considère comme «de petits dérapages». Céline avait aussi ses petits dérapages, mais avait sans doute moins d’amis dans les cercles du pouvoir. Sera-t-on vraiment surpris d’apprendre dans notre récit que son chien mort en Irlande fut rapatrié en France en cercueil grâce à un j