Petit rappel car c’était il y a un siècle, au temps du macronisme débutant et conquérant, en 2017 donc. Dans ces pages, nous avions alors à de multiples reprises critiqué la manière dont Jean-Luc Mélenchon avait refusé d’appeler clairement à faire barrage à Marine Le Pen pour élire Emmanuel Macron président. Il avait tortillé, usant de périphrases inutiles. Ce petit retour en arrière permet une chose : rappeler que prôner le front républicain et donc le désistement de candidats pour barrer la route à l’extrême droite n’est pas affaire d’opportunité ou de circonstances politiques. Il s’agit au contraire de constance dans l’affirmation de valeurs républicaines étrangères à l’extrême droite et son totem programmatique de «préférence nationale».
Cette constance échappe manifestement à la droite républicaine et à la macronie, qui, pourtant, ont été jadis l’une comme l’autre ravies d’en profiter. La droite, qui ne sait plus où elle habite, s’accroche à un triste «ni-ni» assumé en son temps par Nicolas Sarkozy. Ses ex-lieutenants passés chez Emmanuel Macron, comme Bruno Le Maire, entonnent une variante de ce «ni-ni», en clamant un «ni RN, ni LFI», comme si, malgré des ambiguïtés insoumises condamnables, – et elles aussi condamnées dans ces pages – l’histoire était la même. Emmanuel Macron ? «Il faut se souvenir qu’en 2017 et 2022, en face, à gauche, tout le monde a porté ce message (du front républicain). Sans cela, votre serviteur et vous ne serions pas là», a expliqué hier le chef de l’Etat à son gouvernement, ajoutant «qu’aucune voix ne devait aller à l’extrême droite».
Une consigne claire ? Plutôt une Mélenchon 2017, critiquable parce que floue. Même chose pour Gabriel Attal, plus ferme dans le ton mais cultivant quand même une certaine ambiguïté. Résultat, même si de nombreux candidats Renaissance vont effectivement se retirer du second tour, d’autres, on saura combien ce mardi à 18 heures, ne le feront pas, profitant de consignes de désistement finalement pas si claires. Une question d’opportunité ou de circonstances politiques ? En tout cas d’inconsistance sur les valeurs républicaines.