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Libération
Editorial

Les violences sexistes et sexuelles sont aussi affaire de politiques

Alors que la parole des femmes continue de se libérer, les partis politiques doivent arrêter de faire l’autruche et prendre chaque plainte davantage au sérieux.
Lors de la marche organisée par le collectif #NousToutes, entre la place de la République et la place de la Nation, à Paris, le 20 novembre 2021. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 20 septembre 2022 à 21h26

Non, tous les hommes politiques ne sont pas des harceleurs ou des criminels sexuels. Si l’on éprouve ces temps-ci une insupportable impression d’accumulation, et disons même de dégoût devant tous ces noms qui défilent sous nos yeux, tous ces hommes soupçonnés ou accusés de violences sexuelles, morales ou physiques, c’est parce que les partis politiques ont longtemps failli dans ce domaine. Et peinent toujours à s’en emparer et à porter une parole claire.

Pendant des années, les propos et les gestes intolérables envers les femmes ont été passés sous silence, beaucoup les considérant même comme «normaux». Le pouvoir se trouvant essentiellement du côté des hommes, les femmes agressées n’avaient d’autre choix que celui de se taire, de ravaler leur sentiment d’humiliation ou de honte. On se plaisait à railler les Etats-Unis où une main mal placée pouvait renvoyer un candidat à la présidentielle dans ses foyers, assurant que la France ne tomberait jamais aussi bas. Sans imaginer une seconde qu’un jour ce serait précisément des Etats-Unis que viendrait, dans le sillage de l’affaire Weinstein, le mouvement #MeToo qui ferait s’effondrer des siècles de tolérance inacceptable.

Un certain nombre de secteurs ont réagi assez vite, contraints et forcés (celui du cinéma notamment) mais les partis politiques, eux, ont mis du temps à prendre au sérieux les plaintes des femmes. Le président de la République lui-même n’a semble-t-il toujours pas pris la mesure du phénomène, preuve qu’Emmanuel Macron appartient davantage à l’ancien monde qu’au nouveau. Mais la vague qui monte est si forte que nul ne peut ignorer aujourd’hui que les pratiques de la vie collective et de la vie publique ont changé. Les femmes ont investi certains des plus hauts échelons de l’Etat et n’entendent plus se laisser maltraiter. Il ne s’agit bien sûr pas de passer d’un extrême à l’autre, chaque plainte doit être dûment enquêtée. Mais chaque plainte doit désormais être prise en compte, il en va de la crédibilité de l’ensemble du monde politique.