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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

L’Europe face à Trump : unie ou démunie ?

Alors que les dirigeants des Vingt-Sept sont réunis pour un sommet à Budapest, l’élection du milliardaire américain divise un peu plus l’Union. Une faille que Donald Trump risque bien d’exploiter.
Viktor Orbán, chef du gouvernement hongrois, et Donald Trump à Mar-a-Lago, propriété de ce dernier à Palm Beach (Floride), en juillet. (Zoltan Fischer/AFP)
publié le 7 novembre 2024 à 20h24

C’est Margaret Atwood qui a le mieux résumé la situation au lendemain de l’élection de Donald Trump. «Despair is not an option, it helps no one», «le désespoir n’est pas une option, il n’est d’aucune aide», a-t-elle tweeté. Et la romancière canadienne s’y connaît, elle qui est l’autrice du best-seller la Servante écarlate, qui se déroule dans un futur proche où autoritarisme et religion s’entremêlent. Espérons que les dirigeants européens réunis depuis jeudi 7 novembre en sommet à Budapest ont lu ce message. L’heure n’est plus ni au désespoir, ni aux batailles d’ego, ni aux échappées en solo, l’heure est au regroupement, à la cohésion, à la réunion des forces et à la correction des faiblesses. C’est tout simplement une question de vie ou de mort pour l’Europe.

Le futur président de la première puissance mondiale a beaucoup de défauts mais il est malin. Il a bien compris les points faibles du Vieux Continent : ses dissensions internes et son manque d’incarnation et de politique commune en matière d’affaires étrangères et de défense. En gros, son absence d’autonomie stratégique qui la fragilise dans le monde de plus en plus chaotique qui est le nôtre. Pour Trump, les Européens sont au mieux de doux rêveurs affaiblis par leurs bons sentiments, au pire des empêcheurs de faire du business tranquille. Et il va tout faire pour les désunir afin de mieux asseoir sa puissance. Ce n’est pas un hasard si un de ses premiers coups de fil a été pour Viktor Orbán, le Trump hongrois, qui ne cesse d’appeler à la «paix» en Ukraine – en gros à la capitulation devant Poutine et qui, jeudi, a dû faire un gros effort pour ne pas fanfaronner en accueillant ses homologues européens. La situation de l’Europe est d’autant plus préoccupante que l’extrême droite ne cesse de progresser en son sein et que son principal moteur, le couple franco-allemand, est à l’arrêt, les deux gouvernements étant plus ou moins dans un état végétatif. Le désespoir n’est pas une option, mais l’inquiétude, oui, en espérant qu’elle servira d’aiguillon et non d’assommoir.