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Libération
L'édito de Dov Alfon

Libération des otages du Hamas : un apaisement qui ne doit pas rester de courte durée

La libération des premiers otages, ce vendredi 24 novembre, est un véritable soulagement. Mais il faut désormais faire pression sur Israël et le Hamas pour qu’ils étendent l’accord, afin de rendre la liberté aux otages restants et d’alléger les souffrances des habitants de Gaza.
Des otages à bord d’un camion de la Croix-Rouge après avoir passé la frontière égyptienne, vendredi 24 novembre. (Mohammed Abed/AFP)
publié le 24 novembre 2023 à 21h50

Une trêve matinale qui fait mine de sombrer pour finalement tenir ses promesses, des communiqués hâtifs se succédant et se contredisant, deux Premiers ministres européens dans un caméo inattendu, des ambulances fonçant dans la nuit pour traverser une dangereuse frontière, un hélicoptère rempli de jouets qui décolle et c’est enfin le moment de l’annonce officielle, comportant l’un des plus beaux mots de la langue française, «libération». Non, pas la libération des 240 otages potentiellement détenus par le Hamas à Gaza depuis les massacres du 7 octobre. Mais après 48 jours de conflit dévastateur entre Israël et le Hamas, la réalisation sans incidents de la première partie de l’accord entre les parties, visant à obtenir en quatre jours la libération de cinquante femmes et enfants retenus en otage par le groupe islamiste et une trêve dans les hostilités a été accueillie avec soulagement dans les capitales occidentales.

L’annonce de la libération inattendue, sans contrepartie, de dix otages thaïlandais et d’un otage philippin vendredi soir ajoutait de l’élan à ce vent d’optimisme. Et il en faut, car le désespoir dans cette partie du monde est à son paroxysme. Les Israéliens voient les limites de leur approche maximaliste dans ce conflit qui leur a été imposé, et sont tiraillés entre l’empathie naturelle envers les familles dont les proches n’ont toujours pas été libérés, et l’appréhension d’un retour au pouvoir du Hamas à Gaza, rendu plus fort par ce qu’il ne manquera pas de présenter comme une capitulation israélienne.

De l’autre côté de la frontière, le soulagement est bien temporaire pour les 2,3 millions de Palestiniens piégés dans l’enclave côtière, qui ont enduré des bombardements effroyables et ne peuvent retourner dans leurs appartements détruits. Ils ont désespérément besoin de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant. Il faut donc faire pression sur Israël et le Hamas pour qu’ils étendent l’accord afin de garantir la liberté des otages restants et d’alléger les souffrances des habitants de Gaza, dont plus de la moitié ont été déplacés. Cette tragédie doit prendre fin, et le soulagement d’aujourd’hui ne peut le faire oublier : si les combats devaient reprendre après la réalisation de cet accord temporaire, il ne restera de Gaza qu’un terrain dévasté où les racines de la prochaine guerre se développeront inexorablement.