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L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Logement : l’alarmante déconnexion du gouvernement

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Deux semaines après le remaniement et malgré un marché immobilier en souffrance, l’exécutif n’a toujours pas nommé de ministre du logement. La crise qui touche le secteur est pourtant une priorité pour les Français.
83 % des Français pensent qu’il y a une réelle crise du logement, selon un sondage Viavoice rendu public cette semaine. (Lilian Cazabet/Hans Lucas. AFP)
publié le 24 janvier 2024 à 19h58

On marche sur la tête : entre l’inflation et la remontée en flèche des taux d’intérêt, la crise de l’immobilier fait rage et… l’exécutif n’a toujours pas jugé utile de nommer un ministre du Logement. Les acheteurs n’ont plus les moyens d’acheter, les locataires ne trouvent plus d’appartements à louer et le secteur devrait perdre des dizaines de milliers d’emplois d’ici 2025 mais le ministère peut bien patienter quelques jours encore. C’est dire la déconnexion actuelle du pouvoir politique englué dans les répliques de l’affaire Oudéa-Castéra et le risque de contagion de la mobilisation des agriculteurs (lire pages 12 à 14).

Ce désintérêt n’est pas nouveau. Depuis son arrivée à l’Elysée, Emmanuel Macron considère le logement comme une variable d’ajustement, source potentielle d’économies. Pourtant, avoir un toit, c’est la base. Qu’il soit loué ou acheté. Or, le nombre d’annonces locatives a diminué de presque 60 % en cinq ans et la capacité d’emprunt des acheteurs a chuté de 25 % depuis janvier 2022. Cette crise alimente donc sérieusement la colère que l’on sent sourdre ici ou là.

Si l’on en croit un sondage Viavoice rendu public cette semaine par l’Alliance pour le logement, une sorte d’union de toutes les professions concernées (architectes, HLM, BTP…), 83 % des Français pensent qu’il y a une réelle crise du logement et 76 % considèrent que le gouvernement n’a pas pris la mesure de ce malaise et ne fait donc rien pour le résoudre. D’où les mesures d’urgence réclamées aux pouvoirs publics par un secteur qui n’a peut-être pas encore touché le fond : parmi celles-ci, revenir sur la réforme du prêt à taux zéro, pour permettre aux ménages les plus modestes d’accéder à la propriété ; et limiter les refus de crédit en assouplissant les règles du Haut Conseil de stabilité financière co-piloté par Bercy et la Banque de France. Si ces mesures ne sont pas prises, alerte la profession, la situation risque d’empirer. Et la colère aussi. Dans le contexte sociopolitique actuel, ce n’est pas recommandé.